DHS 38 et fin ( provisoire ? ) *

Non Je ne suis pas Ubu, ni ubuesque
Un peu grotesque peut-être
Je ne suis ni heureux ni content
Je prends mon temps qui fuit aveuglément

Tu as le bonjour d’Alfred
J’ai un macule sur mon blason
Ton blouson est taché
Le prince se croit premier en tout

Je me sens mieux assis que debout
Je me sens mieux couché qu’assis
Ma vérité a l’air de vous déplaire
Je jette sur elle mon dévolu

La syntaxe n’est pas dilatoire
Les poings tapent sur les tables
Ce n’est pas honnête ni convenable
Les justes sont souvent des parvenus

La route poudroie La campagne verdoie
Le prince en pince pour une princesse
Le tort tue le sort sue
La mort mue le mort remue *

* Fin ( provisoire ? ) de la série DHS. La référence est le beau livre original de Jacques Jouet, « L’Histoire poèmes », P.O.L., 2010

DHS 37

Il ne sert à rien de se cacher les yeux
De se voiler la face
On perd on gagne On perd à la fin
Il n’y a pas de fin heureuse

Je ne suis pas une chèvre
Je ne suis pas attaché à une fonction
Je suis bon et pas con
Le chahut est un discours

L’ovule est primordial
Le corps le nom l’oeuf
Sois ridicule un peu
Il est possible que ça te fasse du bien, globule

Le vent passe son chemin
Je ne peux plus parler
La science est pacifique
Les éléments ne le sont pas

DHS 36

Je ne comprend pas la paix
Je comprends mieux la guerre
Et surtout la terre
Je mange peu sauf les miettes

Vieux rose pour le cours intérieur des choses
Le vert doit être jeune
Le noir est éternel
Je n’ai pas dit sempiternel

Le plus beau des jardins a des cailloux
Les gravillons sont pour les pieds
Il s’agit de gagner la ville
Sinon elle est perdue pour nous

La ville emprisonne les humains
Elle les libère aussi
A chaque ville son opéra ses théâtres ses cinémas
Un bistro au coin de la rue

Une noire une blanche les notes ne sont pas racistes
On ne meurt pas du coeur sauf s’il est malade
Ne méprise pas ou le moins possible
J’aime bien le monde moderne

Les lois anciennes ne sont pas les meilleures
J’aime le regard fixe de mes copains les hiboux
Une plaine est faite pour être vue de l’intérieur
La plaine intérieure s’intéresse au paysage

DHS 35

Nous sommes condamnés à construire
Ne nous nourrissons pas de violence
Empilons empilons !
Haut-le-coeur Haut les coeurs !

Personne ne voit les barbares
Avant qu’ils ne passent à l’acte
Mon pauvre fétiche n’est pas barbare
La montagne n’est pas inaccessible

La politique n’est pas du banditisme
Le regard est un canon
A l’origine tyrannie et despotisme
A part ça tout va bien

Il y a toujours de la pensée
Les âmes n’ont pas de couleur
Les oranges si
Je ne suis pas leur chef Je les suis

On craint pour autrui plus que pour soi-même
Les classes sociales ne se connaissent pas
Aucun dessin ne mérite le mépris
Ce n’est pas comme les desseins

DHS 34

Les mots déferlent
Je connais la direction du rivage
J’appartiens à une automobile
Rassure-toi ce n’est pas toi

Débandade, non
Implacable permanence de l’impermanence
Les hommes sont des humains
Ils doivent le savoir et se le répéter

Nous devons notre salut à ce qui flotte
Nous devons aussi notre santé
Les vaincus sont toujours en files
Les vaincus morts sont empilés

On fait trempette dans un peu d’eau
Beaucoup de problèmes sont dans un verre d’eau
Tu ne mangeras pas le nez d’autrui
Pour nous la carte est le territoire

L’imbécillité n’est pas heureuse
Multiplions les territoires
Tous les chevaux ne sont pas de Troie
Le cas échéant restons nus

Peux-tu me dire où tu es ?
Ne te laisse pas applaudir par des mains sanglantes
L’humain est humain quoiqu’il fasse
Il se peut qu’il procède à des traitements inhumains

DHS 33

Ceci n’est pas un portrait mais un plan
Voire une carte
J’ai l’oeil absolu
J’ai surtout l’oreille absolue

Le tir est tendu mais efficace
On dit des mots qui sont des perles
J’aime bien qu’on peigne les regards
J’aime bien quand le regard est vide

Quand tout est démesuré il n’y a plus de mesure
J’ai un peu honte de ce qu’on me fait dire
Je n’arrive pas à penser avec mon nez
Ce matin les tulipes manquent d’entrain

Un peintre n’est pas ressemblant
Je ne comprends pas la paix
Les entreprises et les nations sont en concurrence
Où en est la finance ?

Qu’est-ce que vous faites ici ?
Que faire de nos moments débiles ?
Se contenter de miettes
Les crânes ne sont pas faits pour être fracassés

La fenêtre la porte la lampe sont miennes
Le jardin la cour la haie aussi
Je les cite souvent comme si j’étais chinois
L’univers est d’abord familier

DHS 32

Je le répète Les héros nous ressemblent
Alors que nous sommes dépourvus d’héroïsme
Les héros sont des humains comme les autres
Sauf quelques-uns

Le peuple n’a pas besoin
De héros qui lui ressemblent
J’aime bien les légendes
Qui racontent ce qu’elles veulent

Les disparus le sont de force
Toi C’est apparaître et paraître qui est ton bon plaisir
il n’y a pas de bon testament
Il en est même beaucoup de mauvais

Je possède un mouchoir de poche
Je n’aime guère ce qui est sous roche
Les oranges savent beaucoup de choses
Je n’aime guère que le rhum des planteurs

Certains ont la moustache bonhomme
Je pousse moi aussi l’hymne à la modernisation
Nos économies sont de guerre
Les grands courants sont éphémères

C’est pénible d’être un arbitre
Je préfère vivre seul avec toi
Les parents sont courageux
Tout va par deux

DHS 31

Regarder la lune et partir pour le plaisir
Grâce la solidité des lieux et de nos efforts
La mouche se promène sur la fleur
Elle s’en frotte les mains

Les fétiches ne s’aiment pas
Ils se conservent bien
Leur révolte est suicidaire
Je suis seul dans l’aire sans combat

Les nouveaux-nés se la jouent à l’ancienne
Les certitudes leur sont imposées
Les vagues sont perdues l’une après l’autre
Elles font craindre la suivante

L’invisible est enterré
Mais le visible aussi
Lui surtout se terre
Il ne manque pas d’air

DHS 30

Dans les débuts il y eut plusieurs humains
Aucune histoire ne sait les raconter
La vie d’autrefois parait une promenade
Parfois presque immobile

Je dis ça à l’aide du crime
Tout crime est de lèse-majesté
Les anciennes poussières sont bien utiles
Dont l’hospitalière et l’universitaire

Il ne faut pas trop sculpter avec sévérité
La culture mérite le sourire
Le sauvage n’est pas primitif
Le primitif peut être civilisé

L’expérience du vide peut être plaisante
La police du vide ne l’est pas
Le ver est dans la pomme
Sans quiconque s’en aperçoive

DHS 29

L’exil est-il la pire des sanctions ?
Les mains sanglantes n’ont droit à rien
Sauf à être lavées et relavées
Faisons couler l’eau !

Ma brouette est de fortune
Le canal des deux rives sert peu
Je ne raffole pas des chantiers
Un chantier pour quoi faire ?

L’horizon est libre outre-mer
On l’appelle ultra-marin
La mer est libre quand elle se ferme
Nous crions haut-les-coeurs !

Tous les noms ne sont pas répertoriés
La lune s’en va ailleurs
Les nuages rapportent des histoires
A dormir-debout