APC 102

La lune descend sur les remparts couverts de givre
Le crieur n’a presque plus de voix
Je me hâte au dehors pour lancer un appel
Nul passant
La bise du nord pénètre mes vêtements
Mes galettes vont se refroidir
Dans tous les métiers
Qu’ils soient nobles ou vils
Il est important d’être énergique
Un gars ne peut pas rester à ne rien faire

*

Lorsque le maître peint des bambous
Les bambous existent dans son coeur
Son travail ressemble à celui de la pluie
Qui fait pousser une verdure printanière
Le tonnerre semble à son gré surgir sur la terre
Votre esprit a rejoint celui du maître
Je pense à d’autres qui savent saisir les moindres détails
La littérature aussi a sa technique
Dont n’hérite pas qui veut
Un bon archer atteint sa cible avant d’avoir tiré
Le secret du charron n’est pas dans les écritures

*

Une brèche s’est ouverte dans le ciel
Des brumes inertes rasent notre petite plage
Une pie -sa robe blanche et noire encore humide- bavarde perchée sur un mur
Le tonnerre n’a pas apaisé sa colère
Je m’octroie un somme paisible
Je cherche fiévreusement des mots rares
Pour annoncer le retour du beau temps
Personne ne partage avec moi la splendeur de cette soirée
Je me couche je regarde le fleuve lacté
Mon esprit en est tout illuminé

C’était l’aube
Des oiseaux chantaient dans la cour
Le printemps se fardait pour envahir les forêts
Un beau poème se dessine à mes yeux
Je veux l’enserrer selon les règles
Elles s’évanouissent