APC 104

Ne ris pas du vin trouble que le paysan prépare
Si l’année est prospère il aura volaille et cochon en suffisance
Tu doutes de trouver un chemin à travers les montagnes
Dans l’éblouissement des fleurs Un village !
Pour le dieu du sol une procession avec flûtes et tambours !
Simplicité des vêtements et des coiffures
Oisif je profite de la lune
Je vais prendre mon bâton
Et j’irai frapper à leur porte

Sur mes habits la poussière du voyage
Se mêle aux taches de vin
Partout des souvenirs de cette randonnée
Aurai-je jamais l’étoffe d’un poète ?
C’est le crachin
Monté sur mon âne je m’en vais

J’ai lu de la poésie je reviens au pinceau
Le génie d’autrui me vint souvent en aide
Je n’osais aspirer à une creuse renommée
A quarante ans je rejoignis l’armée
Nuit et jour les banquets se succédaient
Ainsi que les jeux de ballon
Des milliers de chevaux
Des joueurs de dés
Une danseuse coiffée d’un diadème
Sur le tambourin son rythme déchaîne l’orage
La voilà l’extase des poètes !
Le métier à tisser des dieux donne des brocarts nuageux
Les talents ne manquent pas
Un rien les sépare du génie
Que je meure soit !
Que toute une tradition meure avec moi non !

Le fleuve jaune se jette dans la mer
La cime du pic sacré touche le ciel
Le peuple abandonné imbibe de ses larmes
La poussière des barbares
Il a guetté en vain une année de plus
L’armée impériale

Des remparts dans les rayons obliques du couchant
Je ne retrouve plus les étangs les terrasses d’autrefois
Sous le pont – où mon coeur fut brisé- l’onde verdoie
Une oie sauvage a pris peur de son reflet
Le rêve est rompu
Les saules ne sèment plus de graines floconneuses
Mon corps devenu de la terre reviendra hanter ces lieux

Après ma mort plus rien n’existera plus
Pour moi
J’aurais voulu voir l’empire enfin uni
Lors du sacrifice ancestral
Avertis les mânes de ton père !