APC 96 Poèmes des Song

Poèmes des Song ( X° – XIII° siècles )

Les fleurs se sont toutes étiolées
Lui seul resplendit
Vainqueur du jardin
Son ombre clairsemée traverse une eau pure et peu profonde
Son parfum flotte dans l’obscurité
L’oiseau aux ailes givrées le regarde à la dérobée
Avant de se poser
Le papillon poudré ne sait rien sinon il serait jaloux
Grâce à des chansons subtiles l’oiseau fait sa petite cour
Nul besoin d’autre chose

*

Un taoïste de sa cithare
Tire des sons soi-disant infinis
Venus du fond des âges
Telle une eau pure qui court sur les galets
Source des profondeurs inépuisable
Ce sont les doigts qui touchent les cordes
Mais c’est du coeur que provient la musique
Ce sont les oreilles qui entendent
Mais c’est l’âme qui comprend
L’harmonie du coeur et de l’âme
Fait oublier le corps et toute forme corporelle
Je n’ai plus conscience ni du ciel ni de la terre
Ni du nuage de tristesse qui assombrit le jour

Quarante ans ce n’est point la vieillesse
Une ivresse hasardeuse m’inspire
Est-ce que je sais encore le nombre de mes ans ?
J’aime le torrent l’eau qui descend des pics
Coule devant ma maison comme si elle tombait du ciel
Puis se jette au pied des rochers
Une source cachée joint son gazouillis
Dont l’écho ne couvre pas nos voix
Tuyaux cordes soies bambous ont une beauté indiscrète
Près d’un ruisselet je goûte mon vin
Les oiseaux épient mon ivresse
Faute de parler les fleurs me sourient