SANTÉ Poèmes

 

Hommage aux soignants de l’Âme qui sont nos Poètes,

Le poète William Ernest Henley, rendant hommage au chirurgien qui lui sauva la vie :

« Nous le tenons pour un autre Hercules ; luttant contre la coutume, les préjugés, la maladie ; comme autrefois le fils de Zeus avec la mort et l’enfer »

 

 

Ma douleur,

Dans la douleur à vif s’est logée une montagne de larmes

Loin du tumulte de la ville, recroquevillée, seule, sur un tapis d’infortune

A recevoir la foudre et la colère

Le souffle des imposteurs

Les mensonges des nantis

 

Seule avec sa douleur, des déchirures utérines, des saignements de torpeur,

Des cicatrices en souffrance

 

Malade sans consentement,

Le vertige de la mort éveille les convulsions abyssales

 

Entortillée, abandonnée un corps déraciné, un corps désincarné,

Elle surgit des enfers et grignote le bonheur d’être humain, d’être la vie,

 

Lancinante, puissante, vertigineuse, insupportable, imprévisible,

C’est un horizon quotidien d’inhumanité

 

Pour celui qu’elle ignore, heureux soit le bien portant

Pour celui qu’elle choisit, le combat est vie,

Et le courage est une montagne infranchissable au paroxysme de son triomphe,

Quand rien ne la tait plus, quand rien ne la combat plus, quand rien ne la foudroie,

Du rien elle fait son tout et vous dévore jusqu’à l’intolérable,

 

Elle est vivante,

Et l’humain cache son hôte détestable pour ressembler à ses semblables et que rien, jamais, ne transparaisse de ses blessures de chair et d’âme,

Et que jamais maladie ne se lise sur le visage ni le corps des  suppliciés,

 

Pour que jamais elle ne triomphe de ce petit goût de bonheur que l’on voudrait retrouver,

De ce fragile avant, de cet autre que soi qui existait dans une autre vie,

De ce petit sursis que l’on voudrait éternel,

 

Quand elle cesse, la douleur, l’humain redevient vie et mesure les enfers qui l’ont assaillie dans la crainte de la prochaine bataille,

Mais jamais elle ne lâche, la douleur,

Et toutes les magies médicinales des apprentis anti douleurs, des militants de la vie, ne la détrônent,

 

Jamais,

 

Parce qu’elle est vie, ma douleur,

Logée dans mes entrailles, dans mes cellules, dans des aliens de cohabitation, pour un mutisme, pour un silence agonisant, des râles de colère aux draps froissés que l’on déchire pour s’accrocher encore et encore,

 

Elle me rappelle que je suis en vie, juste, avant de m’envahir de son poison pour un trauma d’avant, le trauma de la vie,

 

Ma douleur, ma Vie,