Réminiscences ou Le voyage initiatique aux Tropiques de l’Indien


Sous un soleil de Mars les statues de pierre se sont brisées. Le silence a emmuré nos mémoires et le vertige des défaites a projeté nos espoirs dans un abîme triomphant !

Les femmes éventrées, les enfants lapidés, le miel de nos mères a saigné en un torrent de feu. Leurs seins mortifiés ont hurlé de souffrance dans l’antre de nos vies futures. Ils ont cherché la malédiction, accusé les dieux vengeurs, pourchassé et martelé nos peines dans le cœur des nouveaux nés.

Sur un parterre de Mort, nos pas se sont croisés et la saveur de nos lèvres empoisonnées a gagné d’autres visages. Tu as pansé mes plaies mais la déchirure de nos pères, l’héritage anéanti de nos sages, a transformé nos vies en fardeau de Mémoire.

Ignorant du ventre rouge qui coule sous le pinceau tu travestis le Monde qu’un Voyant aventureux a dénoncé. Tu dors serein sous la couche de couleurs qui t’enfante et t’enfantera jusqu’à la nuit de tes précieuses Torpeurs.

J’ai glissé ton regard sous un voile de lumière. Macabres visages qui transpercent notre Histoire. Le pardon est ton aube et ta colère s’épuise.

Oublie le sang de nos ennemis, ils dorment dans la vallée aux géants palétuviers !

Je m’écarte de ton Amour pour mieux t’apprivoiser dans la douceur de nos rêves

Garderas-tu en cet instant le secret ? Caresseras-tu d’un baiser sauvage nos corps désarticulés qui se sourient ?

Ta confiance est mon Salut, attendre ton courage et l’abnégation de nos peurs inconscientes.

Je suis muette mais mon souffle a couvert tes portraits qui s’éveillent au premier pas de ta Rédemption !

 


Gagner des fleuves impassibles, s’ouvrir au jour naissant sans d’amers promesses, fuir les aubes de naguère qui parsèment nos Existences,

Trouver le Sens et parcourir nos douleurs au-delà des Mers,

La mort est un exil et je reviens vers toi. Si forte de cet ultime Adieu, si fragile dans nos débordements que seul l’Artiste saignera nos désirs. La matière couvre nos sanctuaires et ton voyage est terminé. Les batailles qui t’ont comblé de Vies et martyrisent ton Monde s’achèvent désormais.

Seul l’œil du Créateur percevra nos ombres dans les jeux de lumière et ma douceur t’enveloppera pour conjurer nos espoirs éperdus.

Reposes-toi dans mon Etre et brise les frontières qui nous désunies !

Je suis là dans l’odeur des terreaux humides à l’ombre des grands arbres. Aux Tropiques ou à l’Equateur de nos vies.

Un dieu païen s’est approché de nos cercueils et je tremble au regard qui est le nôtre. Qu’advienne notre réconciliation et l’Aveu,

Aux quatre coins cardinaux,

La cicatrice de notre Espèce qui pourfend mes entrailles n’était que la mémoire de ce geste  fraternel. Un sacrifice dans la moiteur de nos ébats. Elle saigne dans ton Œuvre comme un trophée  malicieux. Et la malédiction est notre partage jusqu’au jour de ma délivrance.

Je suis éventrée en ce pays de Souffrance et l’esclave que nous refusions d’être est mort libre aux portes de l’Enfer !