Planifier l’avenir : Une necessité

En 1946 était créé un Commissariat général au Plan dont la tâche était de réfléchir sur l’avenir de la société, de l’économie et de faire des propositions. Le Général de Gaulle l’avait rattaché à la Présidence. Jean Monnet en a été le premier président.
En 2006, Dominique de Villepin décidait de le dissoudre et de le remplacer par un Centre d’analyse stratégique, l’un de ces « machins » dont on ne sait trop à quoi il sert.
Louis Gallois dans son rapport sur la compétitivité de l’industrie française proposait de le recréer.
Le navire gouvernemental semble pris dans les turbulences de l’instant. Les citoyens que nous sommes aimeraient avoir une vision de l’avenir au delà du mois prochain.
Quelques questions :
Que fait la Banque d’investissement chargée d’aider les PME ?
Ou en est-on de la baisse des dépenses publiques et où en sera-t-on dans cinq ou dix ans ?
Quelles sont les Directives européennes à mettre en oeuvre, celles à venir, celles que la France accepte, celles que la France conteste ?
Quels sont les projets des entreprises françaises en matière d’échanges commerciaux, en matière de nouvelles technologies ? Combien de créations d’entreprise face aux disparitions ?
Quelle formation donner aux jeunes et aux salariés qui soit en rapport avec les évolutions économiques, technologiques… à l’échelle du Monde ? On attend la Loi Sapin sur la formation, outil primordial de gestion des ressources humaines. Quelle direction Monsieur Sapin donne-t- à sa loi ?
La France peut-elle continuer à avoir la même politique de protection sociale ? Quelles sont les échéances ?

Les plus futés d’entre nous connaissent quelques éléments de réponse à ces questions. Mais la stratégie est floue, les informations partielles, la peur de voir sortir d’autres catégories de manifestants patente.
Gouverner c’est choisir disait Mendès-France. Le peuple a raison de défendre ses intérêts immédiats.Pour accepter de ne pas le faire, il faudrait qu’il soit à même de juger en quoi ses intérêts du moment peuvent nuire à l’intérêt général et donc, à long terme, à ses propres intérêts. La tâche ardue d’un gouvernement est de définir des priorités au risque de déplaire à telle ou telle catégorie à un instant T.
Se battre pour avoir le pouvoir sans être intimement convaincu des contours généraux de la politique que l’on va suivre est irresponsable. Faire des promesses électorales dont on sait qu’on ne pourra pas les tenir l’est aussi.
Certes le Gouvernement n’est pas aidé par la « droite la plus bête du monde » qui ne sait que s’opposer, ni par une extrême gauche que sa « bien-pensance » empêche de penser.
Si les partis politiques qui fondent la démocratie parlementaire oublient l’intérêt général au profit de leurs intérêts particuliers (la réélection par exemple), craignons la prophétie de Tocqueville dans l’introduction à « De la démocratie en Amérique » : »Placés au milieu d’un fleuve rapide, nous fixons obstinément les yeux vers quelques débris qu’on aperçoit encore sur le rivage; tandis que le courant nous entraîne et nous pousse à reculons vers les abîmes. »