Les obsessions monotones d’Alain Finkielkraut

Papouasie-Nouvelle-Guinée. Carte de voeux de la CIMADE (Ingetje Tadros)

Depuis des années, j’écoute Alain Finkielkrault le samedi matin sur France Culture.
Il y a eu souvent des entretiens intéressants dans cette émission.
Mais depuis quelque temps, j'ai l'impression d'entendre soit une yiddishemama se plaindre pendant une heure à coup de Oich, Oich….soit un amoureux transi, qui quelque soit le sujet, réussit toujours à ramener la conversation sur sa grande histoire d'amour. L'obsession de notre brillant normalien pourrait se résumer à une phrase : la Grande Culture, comble de la civilisation est menacée par des hordes non seulement barbares mais fières d'appartenir à des communautés de barbares.

J’enrage d'entendre ce même pas "Français au carré" ("merveilleuse" nouvelle expression inventée par sa complice Michèle Tribalat pour désigner les français de souche, soit ceux qui ont deux parents nés en France) vanter les vertus de l'intégration à la française, de la GRANDE culture française, etc…
Je me demande d'ailleurs si avec un père né dans l'Algérie française, je suis "Française au carré" ou non ?
Cher Alain F., si vous rejetez à ce point les cultures des immigrés, que venez-vous faire au Centre Communautaire Juif ou à J-Call où vous vous préoccupez à juste titre de la politique israélienne et des excès de la colonisation ?
C'est en tant que juif attaché à Israël que vous le faites. C'est votre droit mais ne tombez-vous pas ainsi dans une forme de communautarisme que vous reprochez à d'autres ?
La communauté ou plus simplement le groupe familial sont souvent indispensables aux nouveaux arrivants dont aucun ne quitte son pays par plaisir. Certes, certains de ces groupes identitaires peuvent se révéler mortifères (l'Islamisme radical notamment) et doivent soit disparaître, soit s'atténuer à long terme. Mais laissez le temps à ces nouveaux exilés ou à ces français de fraiche date d'apprendre, notamment grâce à l'école, la culture de leur nouvelle patrie sans pour autant renier la leur.
Je fais partie des juifs athées, non sionistes, nés au début de la guerre et qui garderont jusqu'à leur dernier souffle le souvenir des peurs et des humiliations. Elles sont une part de mon identité. Mais Je fais aussi partie de ceux qui, sur le tard, ont tenté de sortir de l'identité victimaire pour retrouver des éléments d'une riche culture juive. Allez-vous nous le reprocher ?
Pourquoi ne pas laisser aux immigrés plus récents, venus de pays qui ont subi la colonisation de plein fouet, cette possibilité d'avoir une double culture ?
Les êtres humains peuvent être étroits et mesquins comme ils peuvent être ouverts et généreux. On peut aimer Rembrandt et le Street art, Mozart et la musique électronique, Miles Davis et les griots…
Il faut laisser du temps au temps. Quand on doit s'occuper de sa survie et de celle de ses enfants, quand on doit affronter la bêtise bureaucratique pour renouveler son titre de séjour, il arrive que l'on ne s'intéresse pas à Molière…