Mauvais genre : A propos de Tomboy

Tomboy est un délicieux film de Celine Sciamma sorti en 2011.
C’est un film délicat et tendre sur une petite fille de 10 ans, cheveux courts et allure androgyne, qui l’espace d’un été, fait croire à d’autres enfants qu’elle est un garçon.
J’ai aimé la finesse, la véracité de ce film. Il nous parle de la pression exercée sur les enfants par une société qui admet mal la marginalité , l’étrangeté (inquiétante), l’Autre et qui le constitue parfois en bouc-émissaire.
Ses copines, ses copains, ses parents, son quartier constituent son petit univers. Comme tous les enfants (et les adultes…), elle a peur qu’on ne l’aime pas, elle a peur de la solitude, elle a peur de ne pas être comme il faudrait qu’elle soit, elle a peur que son amour du football la fasse mal voir de ses camarades de classe.
Qui n’a pas vécu à cet âge cette inquiétude à l’idée de ne pas être accepté, parce que l’on est timide, trop gros, mal habillé, trop petit, trop grand, binoclard, garçon manqué ou garçon trop « efféminé ».
Ce film rare était projeté dans les écoles grâce à l’Association : »Enfances au cinéma ».
Les enfants ont aimé ce film. Caroline Brizard du Nouvel Observateur (05/02/14) rapporte les propos de Mateo (9 ans): »C’est un film sur l’amitié. Laure veut tellement avoir des amis qu’elle est obligée de mentir, comme nous des fois, et après quand on ment, on est coincé, on n’ose plus dire la vérité. »
Et pourtant, en Janvier 2014, une pétition est mise en ligne par une association de chrétiens, contre la diffusion de ce film dans les écoles. La pétition a recueilli autour de 30000 signatures.
Cet incident est emblématique de l’atmosphère qu’une certaine frange droitière, confite en religion quelle qu’elle soit, fait régner dans ce pays.
Reculer face à ce crétinisme montre s’il en était besoin que la médiocratie et la lâcheté sont au coeur de la social-démocratie.
Entre l’indigence de la droite, la pusillanimité de la « gauche »et l’extrémisme qui s’affiche dans nos rues, il nous faut choisir le moins pire.
Mais est-ce que le parti au pouvoir mesure bien les séquelles à long terme de sa couardise ?