L’obeissance stricte au droit peut tuer : A propos de : »Le chemin des morts » de François Sureau (Gallimard, 2013)

François Sureau a été Conseiller d’Etat. Il a siégé à la Commission de recours des réfugiés (devenue la Commission nationale du droit d’asile) au début de sa carrière dans les années 80. Il raconte comment, frais émoulu de l’Université, il doit rapporter sur le cas d’un ancien militant basque, réfugié politique en France pendant vingt ans, mais privé de son statut par une décision de Giscard D’Estaing refusant le statut de réfugié aux Basques espagnols vivant en France, au motif que l’Espagne était devenue un pays démocratique.
En loyal juriste, il conclut que, conformément aux textes, l’asile est réservé aux ressortissants des pays considérés comme non démocratiques. Le militant basque ne pourra donc pas rester en France, malgré ses dires sur les risques d’exécution de la part des membres des GAL ( Groupes antiterroristes de libération).
Quelques mois plus tard, le militant basque rentré en Espagne est exécuté.
Aucun juriste ne devrait rester indifférent à ce court texte, admirablement maîtrisé.
Ce qu’interroge François Sureau, c’est la certitude, c’est l’application bête du droit, sans recul.
Il ne s’agit pas de condamner le Droit en général, bien au contraire, mais de toujours avoir envers lui le recul nécessaire et critique.
C’est à cette réflexion essentielle et salutaire sur l’obéissance et sur le doute que François Sureau nous invite.