A propos de la liberté dans le couple et de la liberté en général

j’ai toujours été partisane de la liberté et de la transparence dans le couple.
Cette prise de position a l’air simple.
Elle est en fait extraordinairement compliquée à mettre en oeuvre et ne peut se construire que sur la sincérité.

Dans la cité, on n’est jamais seul. La liberté n’existe que si on lui met des limites afin de respecter celle des autres. C’est à cela que servent entre autres la morale et le droit ( la seule morale ne suffit pas. Elle est souvent subjective)
Pour beaucoup d’êtres humains, leur liberté est une fin en soi. Cette conception de la liberté comme absolu peut avoir des conséquences dramatiques.
Don Juan est libre et il le proclame. Sa liberté est criminelle pour les femmes qu’il approche.
La liberté ne peut se concevoir que comme le résultat d’une négociation, d’un compromis plus ou moins bancal mais acceptable pour les partenaires.
Certains hommes ont de la liberté une conception égotiste. Leur liberté est l’hypothèse. Aucune concession n’est envisageable. Le terme concession est en soi dégoutant pour ces gens (hommes ou femmes mais pour des raisons historiques plus souvent des hommes)) enfermés dans leur narcissisme.
Certes, eux aussi sont aliénés. Mais si ceux qu’ils font souffrir acceptent d’être maltraités, ces personnages pourront vivre leur vie entière au chaud dans leur égotisme. Refuser la soumission à un ordre aliénant est une obligation morale. Il faut parfois plus de courage pour refuser que pour accepter.
Stendhal aimait la concision et la précision du Code Civil. On y trouve les fondements d’une société à peu près démocratique. » La condition résolutoire est sous-entendue dans les contrats synallagmatiques au cas où l’une des parties ne respecterait pas ses engagements » (Art 1184)(synallagmatiques signifie réciproques)
La vie amoureuse échappe au droit et heureusement. Elle relève cependant des mêmes règles sur la responsabilité et le respect des contrats implicites ou explicites. Elle n’est pas extérieure à la vie en société. Même si elle n’a pas de limites juridiques, elle trouve ses bornes dans le respect de la sensibilité de l’autre.
S’il y a incompatibilité entre deux conceptions de la liberté, l’arrêt de la relation dans la plus complète transparence sera la seule solution acceptable.

Aucune société ne peut être fondée sur une liberté sans bornes, à moins d’imaginer un paradis terrestre où chacun d’entre nous aurait intériorisé les limites de sa propre liberté au regard de celle d’autrui.On est loin du compte.

(Ce petit texte m’a été inspiré par le récit d’échecs amoureux, de souffrances infligées par la cuistrerie et la lâcheté de l’un des partenaires.)