Les militants associatifs sont-ils des bureaucrates à la solde du pouvoir ?

Dessin de Muzo pour « Bénévoles…et Vous ? », Ed Autrement, 2011, dirigé par Anne Dhoquois.

Deux enquêtes récentes notamment sur les associations d’aide aux migrants et d’aide au logement (Mathilde Pette et Pierre Edouard Weill) relèvent une évolution du rôle de ces associations vers une forme de bureaucratie, dévoyant ainsi le bénévolat militant. En d’autres termes, ces associations opèreraient une sorte de tri entre leurs « clients » choisissant d’accompagner les « meilleurs » dossiers , à savoir ceux qui d’après leur expérience ont une chance d’être acceptés par les administrations. Elles abandonneraient ainsi leur combat pour le changement social, au profit d’une soi-disant efficacité individuelle.
Ce constat n’est pas faux, si j’en juge par ma propre expérience à la Cimade.
Vaut-il mieux obtenir quelques logements ou quelques cartes de séjour pour quelques uns, qui remplissent les critères définis par la loi ou contester collectivement les aspects rétrogrades, restrictifs, parfois ridicules des lois et des pratiques administratives en général ?
Je ne pense pas que ce rôle contestataire doive être le fait des associations précitées, tout en comprenant le malaise de certains bénévoles qui ont l’impression de préparer les dossiers pour des fonctionnaires dont ce devrait être le travail. Ajoutons que le travail réalisé permet à minima d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dysfonctionnements administratifs ou les aberrations de la loi
Les associations qui viennent en aide aux plus démunis, dans un système capitaliste triomphant, risquent d’en devenir les béquilles.
Même si nous avions des alternatives crédibles à la social-démocratie libérale, il y aurait toujours des cas individuels que les bureaucraties étatiques ne pensent pas à résoudre et ne peuvent pas résoudre
A ma connaissance, ces alternatives n’existent pas pour le moment.
Alors, oui, il vaut peut-être mieux quelques cartes de séjour ou quelques logements que 50 manifestations aussi ennuyeuses qu’inutiles (l’un n’excluant pas l’autre pour ceux qui le souhaitent)

Par contre la Bureaucratisation de certaines associations, où l’on n’entre que par relations, ou la hiérarchie est aussi présente que dans un parti de gouvernement, pose un problème immédiat sur l’extension du domaine de la lutte pour le pouvoir même s’il n’est que symbolique.Mais c’est un autre problème que nous aborderons une autre fois.