Dialogue sur l’histoire

Régine : Que penses-tu de cette phrase de Peter May, dans un excellent polar (Les fugueurs de Glasgow, Le Rouergue Editions) : « La seule chose que nous apprenons de l’histoire, c’est que nous n’apprenons rien de l’histoire. » ?
Guy : En effet, nous n’apprenons rien de l’histoire. L’histoire n’a rien à nous apprendre. Nous savons déjà tout.
Régine : Si nous savons déjà tout, pourquoi répétons-nous toujours les mêmes erreurs ?
Guy :L’erreur est nécessaire
Régine : Mais il ne s’agit pas de simples erreurs mais de crimes, de guerres, de génocides…
Guy : Le crime est la pire des erreurs que l’être humain puisse connaître. Notre histoire est pleine de crimes.
Régine : Il s’agirait donc d’une fatalité ?
Guy : Il n’y a pas de fatalités, il n’y a que des déterminismes.
Régine : Qu’entends-tu par déterminismes ?
Guy : Ils sont multiples et ils commencent par l’affrontement avec la nature.
Régine : Mais dans ce cas, il s’agit de la nature humaine ?
Guy: Non, il s’agit de la nature non humaine. L’être humain n’a pas de nature. Il ne connait que des conditions historiques.
Régine : Cet affrontement avec la nature est-il criminel ?
Guy : Il le devient malheureusement de plus en plus mettant en cause l’existence elle même. La nature n’en peut plus.
Régine : Mais là, tu contournes le problème des aspects criminels de la conditions humaine.
Guy : Bien au contraire nous avons là un cas majeur où nous pouvons tirer des leçons de l’histoire la plus proche de nous.
Régine : Tu tires donc des leçons de l’histoire
Guy : Et bien oui. Nous avons là un cas très clair où nous tirons des leçons de l’histoire mais il y faut un raisonnement.
Régine : Lequel ?
Guy : Il y en a de nombreux, mais ce que l’on peut dire, c’est que si l’on ne raisonne pas il n’y a aucune leçon
de l’histoire.
Régine : Comment peut-on raisonner sur ce qui s’est passé -entre autres- le 13 Novembre à Paris ?
Guy : Là encore, il y a de multiples raisons dont l’une est l’échec historique de l’Islam face au monde occidental.
Régine : Et la colonisation ?
Guy : le fait qu’elle ait été possible était un échec pour les pays musulmans. C’était un crime qu’il ne s’agit pas de recommencer.

A suivre…

Guy est historien.