« Quand monte le flot sombre » de Margaret Drabble : un voyage passionnant au coeur de la vieillesse

Il y a celle qui continue à s’agiter, qui fait du bénévolat dans les maisons de retraite, prépare les repas pour son ex-mari très malade
Il y a celle qui a été très belle et qui s’adonne à des projets artistiques dans un cadre privilégié réservé aux personnes fragiles
Il y a ceux qui ont choisi le soleil de Lanzarote pour y terminer leur vie
Il y a ceux qui ne supportent pas la fin de la reconnaissance sociale connue dans leur jeunesse ou leur maturité
Il y a ceux qui bardés de tuyaux attendent la mort
Il y a les enfants, adultes dispersés un peu partout dans le monde et qui ont peu de temps pour voir leurs parents vieillissants
C’est un roman qui nous emmène des paysages verdoyants et pluvieux de l’Angleterre aux iles volcaniques ensoleillées des Canaries

Margaret Drabble a 78 ans. Elle n’écrit pas un roman à l’eau de rose. Le flot sombre c’est celui du processus de vieillissement.
On suit ses personnages avec inquiétude. Ils ont un appétit de vivre que même la maladie grave ne parvient pas à altérer. Mais le handicap, la paralysie, la dépendance guettent. Quand vont-ils rattraper ces personnages qui au fil des pages sont devenus des proches, sympathiques ou non.
Comme disait Jean Cocteau : « le problème quand on devient vieux, c’est qu’on reste jeune. »
Comment vivre sa vieillesse, ce lent chemin vers la mort. Mais toute notre vie est un chemin vers la mort.
Margaret Drabble n’apporte aucune réponse. Elle nous permet seulement de nous sentir exister en tant qu’êtres humains à part entière, délivrés du sourire compatissant que posent trop souvent sur nous des adultes qui veulent se persuader qu’ils sont encore dans le coup.

Dans une interview à Libération , M. Drabble parlait de l’âge comme d’une grande aventure. Elle racontait à ce propos une anecdote dans laquelle beaucoup de vieux se reconnaitront : « L’autre jour j’étais à la BBC, une jeune femme m’accueille à la réception, m’entraîne et fonce dans les couloirs sans même se retourner pour savoir si je la suivais. Et je ne pouvais pas, et ça m’a agacée! Je me suis dit, vraiment elle n’est pas faite pour cet emploi. »