Un nouveau concept à la mode : l’appropriation culturelle


Bel exemple d’appropriation culturelle !

Ariane Mnouchkine en collaboration avec le metteur en scène quebecois Robert Lepage devait présenter à la Cartoucherie une nouvelle lecture de l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre blancs et autochtones. Mais les signataires d’une tribune dans le journal quebecois Le Devoir parue en juillet dernier se sont élevés contre l’absence d’autochtones dans la pièce. On y lit notamment : « Mme Mnouchkine a exploré nos territoires, elle n’a plus besoin de nos services. Exit! Elle aime nos histoires mais pas nos voix. »
A la suite de cette tribune, le Conseil des arts du Canada a décidé de ne pas financer la production, ce qui a empêché le Théatre du Soleil de monter la pièce. Censure ou action politique justifiée ?
A cette occasion le concept d’appropriation culturelle a repris vie. Il peut se définir ainsi : »L’appropriation culturelle, c’est lorsqu’un emprunt entre les cultures s’inscrit dans un contexte de domination. » (Le Monde du 24/08/2018)
Le concept est intéressant mais pose le problème fondamental de ses limites. Est-ce que la jeune chanteuse Jaine est « coupable » d’introduire dans ses chansons de la musique africaine, sachant qu’elle a passé plusieurs années au Congo dans son enfance ? Ma réponse est évidemment négative? (même si elle n’avait pas vécu en Afrique d’ailleurs)
Et pourtant elle se fait insulter sur les réseaux sociaux pour appropriation culturelle !
Dans ce cas, on pourrait parler de connerie grave mais les intellectuels INTERSECTIONNELS s’en mêlent et cela donne une interview de l’incontournable Eric Fassin dans Le Monde dont j’extrais cette citation : »En France, on dénonce volontiers le communautarisme…des autres : le terme est curieusement réservé aux minorités!…C’est nier l’importance des rapports de domination qui sont à l’origine de ce clivage: on parle de culture, en oubliant qu’il s’agit aussi de pouvoir. »… » L’esthétique n’est pas extérieure à la politique. La création artistique doit revendiquer sa liberté; mais elle ne saurait s’autoriser d’une exception culturelle transcendant les rapports de pouvoir pour s’aveugler à la sous-représentation des femmes et des minorités raciales… »
On a là toute l’ambiguité de ce courant de pensée : ajouter à des évidences( la domination…) une condamnation de la mixité culturelle et de l’Occident !
Sur le même thème, que dire des Africaines qui se défrisent les cheveux ? des Chinois et Japonais qui se sont réappropriés avec génie la musique classique, des migrants qui viennent aussi chercher en Occident une autre culture ? etc etc..
C’est l’universalisme qui permet de mélanger sans domination les peuples et les cultures.
Une fois de plus Caroline Fourest vise juste quand elle écrit dans Marianne (le 3 Mai 2018) : « Ces gardes-frontières de l’identité n’ont rien d’antiracistes. ce sont les jumeaux de Génération identitaire. Des nazillons ségrégationnistes. En qualifiant d’appropriation culturelle tout partage et tout mélange, pileux ou musical, ils ne font que cloisonner ou diviser. »