Pittsburgh : je sais pourquoi je me sentirai juive jusqu’au bout du chemin

Dans un article précédent, je me demandais pourquoi je me sentais juive, alors même que je n’ai pas été élevée dans la religion juive, que je ne parle pas le yidish ni le ladino…, que je ne suis pas sioniste (mais…), que je me suis battue depuis toujours pour deux Etats en Palestine…etc
Les 11 morts de Pittsburgh et la lecture d’une magnifique nouvelle de Stefan Zweig : »Le chandelier enterré » ont mis en lumière (blafarde) ma volonté de m’affirmer juive, de reprendre le nom maudit/magique- Cohen- que mon père avait souhaité changer pour nous épargner les malheurs qu’il avait subis tout au long de sa vie.
S’affirmer comme juif n’a rien à voir pour moi avec le communautarisme, que je refuse totalement.
S’affirmer comme juive, c’est être solidaire, c’est ne pas trahir tous ces êtres humains qui ont souffert depuis l’aube des temps et continuent de mourir parce qu’ils sont juifs.
Ce n’est pas seulement le regard d’autrui qui me fait juive. C’est la fidélité à un lien que je ne veux pas trahir tant que l’antisémitisme existera.
« Tout le mal du monde, ils le savaient, se transformerait inéluctablement en un mal pour eux, et ils savaient aussi depuis longtemps qu’il n’y avait pas de rébellion possible contre leur destin. »…. » Et ils savaient que cette souffrance et cette plainte liée au fait d’avoir été rejetés ensemble constituait leur seule unité sur cette terre. » (Stefan Zweig, Le chandelier enterré, Ed Payot, 2018, pages 48 et 109)