Message d’une vieille dame quasi-morte aux boomers

affiche d'EELV

Un(e) boomer c’est une personne née entre 1945 et 1965 ai-je entendu préciser sur une radio très sérieuse.
Ouf, je suis née en 40. Suis je déjà morte sans le savoir ou incapable d’aller voter ? Je ne sais pas.
Mais l’essentiel est que me voici avec mes contemporain(e)s -qui ont vécu cet évènement mineur de la seconde guerre mondiale- « hors catégorie » sinon peut-être celle des  » morts-vivants ».
Je vais pouvoir aller voter sans que l’on me voie, voter aussi à gauche que possible (Un scoop : tous les vieux ne votent pas à droite) comme je l’ai toujours fait sans attirer l’attention de Mr Bayou et de ses jeunes et brillants camarades, qui eux ne seront jamais vieux puisqu’ils le sont déjà.
Les Boomers ont détruit la planète, les salauds: pas moi : Planquée pendant la guerre : impossible de prendre l’avion
Fauchée après la guerre : pas de dépenses inutiles. Auto-stop dans les années 60 : minimum carbone etc…

Décidément les catégorisations imbéciles ont la vie belle

Vous avez dit amitié ?

heureusement qu'il y a des bêtes !

L’autre jour, je marchais seule, dans une rue passante de Paris.
Une femme s’approche de moi et semble exploser de joie : « Oh, comme ça me fait plaisir de te voir »
Je mets quelques minutes à la reconnaitre avec le masque. C’est une ex collègue de la fac, originale, un peu folle ce qui est appréciable dans ce milieu.
Nous échangeons des nouvelles de nous, des autres, du monde…
Je suis sur le point de lui dire : « viens donc prendre un verre à la maison quand tu auras le temps » mais elle me précède et dit : « Téléphones moi, tu as toujours mon numéro ? »
Je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans cette phrase que j’ai entendu si souvent mais sur le moment je ne sais plus trop ce que c’est.
Je sors un bout de papier pour qu’elle me redonne son téléphone et nous nous quittons.
C’est alors que je revois les dizaines de scènes de ce genre avec la même rengaine: « téléphones-moi, téléphones-moi…etc »
Mais pourquoi est-ce toujours à moi de téléphoner ?
Sont-ils si occupés ces êtres qui prétendent vous apprécier ?
Je quitterai ce monde sans comprendre cette grossièreté , cette impolitesse récurrente.

Je ne suis sûre que d’une chose et c’est pourquoi j’ai illustré mon propos avec cette photo : au moment précis où cette photo est prise, cette belle chienne me dit son amour.
Je sais, c’est un peu niais de dire que l’on préfère les animaux aux êtres humains.
Mais sont-ils vraiment humains ces êtres ?

Le 16 avril 2019, Guy Dhoquois nous quittait : Hommage

C’est le dernier livre sur l’Histoire qu’il a publié, en 2000.
Il est à son image, vivant, foisonnant, cultivé, complexe et contradictoire.
Le Béhémot dans la tradition hébraïque est le monstre des terres. Il en fait le monstre des libertés, par opposition au Léviathan.

En voici un extrait que je trouve particulièrement émouvant et évocateur de ce qu’il fut, reste et restera pour moi : un homme libre et passionné, qu’aucun carriérisme n’a jamais défiguré, un optimiste désespéré, un Mensch.
 » Je multiplie errances et errements. Mon rêve serait que rien ne disparaisse et que tout se crée. L’Histoire progresse par le mal et par la lutte contre le mal. Je porte peut-être un diamant, il reste pris dans sa gangue. Le Jaïnisme concilie réincarnation et âme personnelle tandis que l’Egypte ancienne a parlé de l’immortalité de l’âme. Pour quelle raison ? Je ne sais pas.Déterministe sur un plan philosophique, je suis scientifiquement réduit à un indéterminisme méthodologique. Pourquoi rester perpétuellement dans les antichambres de l’Histoire, n’être qu’une introduction ? Je suis pris dans un vice sans fin d’autant plus pernicieux qu’il n’est que le produit de ma liberté. Si le spécialiste était parfait, il résoudrait tous les problèmes, ne serait que réponse. Je n’ai pas la naïveté de l’autodidacte, son incapacité à deviner ses limites. Mais je reste à la surface. Peut-être est-elle irisée par la rencontre du soleil et de l’eau. Je vois tout à travers mon absence de spécialité. Elle en devient une spécialité. Mais le feu qui m’anime me rapproche peut-être des marges créatrices. Il est des tragédies qui se terminent bien. Je n’écris pas pour communiquer, mais pour être le truchement d’une force objective. Mon voyage de l’esprit, élan et discipline, ne s’enlise pas dans l’inerte. Je n’ai pas la force de métamorphoser en symphonie notre cacophonie. Je propose une rhapsodie dont les thèmes disparaissent et parfois renaissent, dont les pièces sont rattachées lâchement, mais au travers desquelles bourdonne sourdement la basse. La Duplicité de l’Histoire. L’élémentaire, c’est aussi l’élément premier. L’Histoire me fait rêver, je ne veux pas rêver sur l’Histoire. »

« Vivre avec ses morts » a écrit Delphine Horvilleur. C’est un livre lumineux d’intelligence. Chaque jour ou presque j’en relis des passages qui m’aident à supporter ton absence.
J’aime particulièrement ce passage : « Est-il possible d’apprendre à mourir ? Oui, à condition de ne pas refuser la peur, d’être prêt comme Moïse, à se retourner pour voir l’avenir. L’avenir n’est pas devant nous mais derrière, dans les traces de nos pas sur le sol d’une montagne que l’on vient de gravir, des traces dans lesquelles ceux qui nous suivent et nous survivent liront ce qu’il ne nous est pas encore donné d’y voir. »

Le chat Meshugue rend hommage à son maître

Le sexisme n’est pas mort

Eric Piolle

C’était il y a quelques semaines dans une émission de C’est à vous sur la cinq.
Je ne parviens pas à oublier l’outrecuidance et l’autosuffisance de ce Monsieur Piolle, soi-disant de gauche, soi-disant écolo vis à vis de Rachel Khan.
Tout dans son regard disait son indifférence, voire son mépris envers cette femme passionnante
LUI savait, LUI avait la vérité.
Avant lui, il y avait eu le contentement de lui même stupide et ridicule de l’ancien maire de Marseille J.C. Gaudin
Il parait que les « personnalités » ont remplacé les partis .
Faut-il être suffisant pour avoir du charisme ?
Le vote blanc ? pourquoi pas

Bilan : J’ai passé Plus de 50% de ma vie d’adulte à militer ?

Le grand écrivain arabe israélien, Emile Habibi, mort en 1996 à l’âge de 74 ans regrettait d’avoir privilégié le militantisme au PC à la littérature : «  J’ai le sentiment d’avoir été un poirier qui se mettrait à produire des aubergines sous prétexte qu’il faut nourrir le pauvre peuple. Alors que les aubergines abondent mais qu’ici les poiriers sont rares. »
Quant à moi, J’ai la désagréable impression de ne même pas avoir produit des aubergines ! , d’avoir passé des heures ennuyeuses dans des réunions où je n’osais pas dire un mot, d’avoir lutté pour des causes perdues comme le socialisme, l’égalité, les atteintes aux droits de l’Homme…
Une exception cependant ; le MLF. J’ai osé m’exprimer (enfin pas toujours parce que les grandes gueules existent aussi chez les femmes) et nous avons fait reculer (un tout petit peu) le pouvoir patriarcal.
La situation misérable de la « gauche » en France, son impossibilité à inventer un programme, un plan de vol (pour reprendre les termes d’Edouard Philippe), d’assumer son réformisme tout en essayant de faire rêver à un système moins injuste, a mis un terme à mes espérances.
Il me reste une fierté : celle d’avoir été de celles et ceux qui ont dit NON : au colonialisme,au sexisme, au racisme, à l’antisémitisme, à l’arbitraire, aux injustices sociales…
Mais je mourrai sans comprendre que l’on puisse faire passer son ego avant l’union autour d’un programme ?
Arriverai-je à ne pas passer du peptimisme (Emile Habibi) au pessimisme ?
Il m’arrive aussi de me laisser aller à haïr, suivant en cela Emile Zola : « La haine est sainte. Elle est l’indignation des coeurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise…. La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit. » (Mes haines, 1866)
La haine n’est pas une solution.
Alors, je me console avec cette phrase d’Einstein : « Un problème sans solution est un problème mal posé. »

Il y a cinquante ans nous avions transgressé la loi pour être libres. Au nom de cette même liberté nous demandons maintenant une aide active à mourir

Nous avions entre vingt et quarante ans en 1971, quand le manifeste des 343 a été publié. Nous réclamions la liberté sexuelle et le droit à l’avortement. Peu importe que notre signature y figure ou pas.
Nous avons maintenant entre 70 et 90 ans et nous n’avons pas changé. Nous considérons toujours la liberté de choisir notre vie et donc notre fin de vie comme une liberté élémentaire.
Le 1er Novembre 2019, nous avons publié dans Libération un Manifeste : CHOISIR SA VIE, CHOISIR SA MORT : DES FEMMES PERSISTENT ET SIGNENT.
Deux cent femmes l’on signé dont certaines avaient signé le Manifeste des 343.
Non ce n’est pas triste : c’est le cours normal de nos vies.
Ce qui est plus que triste, tragique, c’est la déchéance, la dépendance, la souffrance…

Les médias commémorent le manifeste de 1971 mais font peu de cas des propositions de lois sur l’aide active à mourir.L’une d’entre elles présentée par Olivier Falorni doit être discutée à l’Assemblée nationale le 8 avril 2021.
On entend des voix s’élever contre le mauvais goût qu’il y aurait à discuter de ce problème an pleine pandémie! Quelle insupportable hypocrisie ! C’est précisément parce que des millions de gens dans le monde ont eu une fin de vie indigne qu’il est plus que jamais nécessaire de donner un cadre juridique cohérent à cette revendication majoritaire.
Il ne s’agit plus de créer des Comités Théodule pour discuter (de quoi?) mais de voter une loi cohérente qui permette aux personnes qui sont dans une souffrance physique ou psychique insupportable de quitter ce monde sans violence et entourés des gens qu’ils aiment.
En 1971, nous n’obligions personne à avorter.
En 2021, nous n’obligeons personne à demander une assistance au suicide.
De même que le principe de laïcité permet de respecter toutes les croyances y compris celle de ne pas croire en Dieu, une loi sur l’assistance au suicide rendrait la dernière étape de notre vie tellement plus heureuse.

PS : Je revendique le terme de « salopes », créé par Charlie-Hebdo, de même que le sketch de Guy Bedos et Sophie Daumier : « Toutes des salopes ». J’ai cru entendre certaines signataires se désolidariser de cette dénomination évidemment humoristique au nom du politiquement correct!!!

Choisir sa vie, choisir sa mort, des femmes persistent et signent II

A la suite des mises en examen de militants de l’Association Ultime Liberté, quatre féministes des années 70 (Régine Dhoquois,Jacqueline Feldman, Liliane Kandel et Annie Sugier), ont rédigé le texte qui suit.
Pour le moment, il n’a pas été publié.

Nous sommes dans un moment de l’histoire où des milliers de personnes sont mortes dans des conditions indignes à cause de la COVID, dans les EHPAD ou faute de soins appropriés. Un moment où le Portugal est le 6ième pays d’Europe à autoriser l’euthanasie ou le suicide assisté. En France, où l’opinion est massivement favorable à une telle loi, c’est la répression qui prime.
En effet, c’est dans ce moment que nous apprenons la mise en examen de douze membres de l’Association ULTIME LIBERTE pour avoir permis à des personnes malades ou très âgées de décider librement du moment où la vie ne leur serait plus supportable. Ils les auraient informées sur la manière de se procurer du phénobarbital, substance utilisée notamment en Suisse ou en Belgique pour des suicides assistés. Pour cela, ils risquent jusqu’à trois ans de prison et 45000 euros d’amende.
Certaines d’entre nous sont membres de cette association, d’autres non, mais nous militons toutes pour une fin de vie digne, sans souffrances inutiles et sans dépendance.
L’ADMD et LE CHOIX ont choisi de se battre pour une nouvelle loi. Les militants d’ULTIME LIBERTE ont voulu aller plus loin et souhaité aider concrètement des personnes qui ne désirent pas continuer à vivre dans des conditions inhumaines.
Pour ce faire, ils ont enfreint la loi.
Dans les années 70, des militantes féministes, parmi lesquelles nombre d’entre nous, avaient également transgressé la loi. Les unes avaient publié le Manifeste des 343 femmes ayant avorté (Nouvel Observateur, 05/04/1971), d’autres (ou parfois les mêmes) ont accompagné des femmes désirant se faire avorter à l’étranger, certaines encore ont pratiqué des avortements clandestins, jusqu’à l’adoption de la loi Veil en 1975.
Dans les texte : » Choisir sa vie, Choisir sa mort » publié dans Libération le 1er novembre 2019, nous nous disions prêtes à enfreindre la loi pour finir notre vie dignement. Serons-nous, si rien ne change, acculées à le faire.

Le texte paru en 2019 avait été signé par 200 femmes, celui-ci a été signé pour le moment par une centaine de femmes.

L’information franchouillarde

Joseph Ponthus : A la ligne, Feuillets d'usine

Ce livre est paru en 2019 (Table ronde). Il raconte la vie quotidienne d’un travailleur intérimaire dans des abattoirs, des usines de transformation de poissons etc.
C’est simple, concis, horrible.
«  De quoi rêvent-ils
Toutes les siestes
Toutes les nuits
Ceux qui sont aux abats
Et qui
Tous les jours que l’abattoir fait
Voient tomber des têtes de vaches de l’étage
supérieur
prennent une tête par une
La calent entre des crocs d’acier sur une
machine idoine
Découpent les joues les babines puis jettent
Les mâchoires et les reste du crâne
Huit heures par jour en tête à tête

On l’avait perdue de vue, la lutte des classes.
Outre les inondations, la Covid et quelques agressions sexuelles chez les gens célèbres, on avait presque oublié que les usines continuaient à tourner en « présentiel »,que des accidents du travail se produisaient sur les chantiers et dans les usines, que la Syrie ne se relevait pas, que l’Iran s’enfonçait dans la crise,que le Liban ne s’en sortait pas, que des massacres avaient lieu en Afrique etc…

On se disputait autour de la cancel culture, de l’intersectionnalité, des mouvements décoloniaux…
Merci à Joseph Ponthus et à quelques autres de nous rappeler que le vieux monde est toujours là, que la lutte des classes n’a pas disparu et que les combats des travailleurs et de leurs syndicats ne sont pas obsolètes.

Cours camarade, le vieux monde est toujours là.

La règle du jeu social n’est pas la morale mais le droit

La Morale (du latin mores, mœurs) est la science du bien et du mal.
L’enseigner aux enfants ou aux adolescents relève de la prouesse.
Comment enseigner le bien et le mal à des enfants venus de sociétés, de religions, de milieux sociaux différents, sans que cela conduise à des réactions opposées, voire violentes, notamment quand elle touche au statut des femmes ou à la place des religions.
La Morale évolue avec le temps : Qui aurait imaginé il y a encore 50 ans dans nos pays, le mariage pour tous ? A contrario, qui pourrait enseigner en 2020 que le suicide assisté pour les personnes malades ou dépendantes, est du côté du bien, (ce que nombre de français pensent) alors même qu’il est interdit par la loi et par les religions ?
Comment expliquer à des enfants que parmi les participants à ce jeu social, il y en ait de très riches qui refusent parfois de partager leur magot et de très pauvres qui meurent de faim. Ces inégalités font-elles partie du bloc Bien ou du bloc Mal ?
Si même des adultes censés penser rationnellement ont parfois du mal à différencier le bien et le mal, comment peut-on le faire comprendre à des enfants qui abordent la vie sociale, dans des conditions parfois difficiles.
Par contre les enfants jouent. Ils jouent à des jeux vidéos, ils jouent au football … Dans tous les jeux il y a des règles. On peut même dire qu’il n’y a pas de jeux sans règles. Si l’on touche le ballon avec la main, on reçoit un carton rouge et l’on peut-être exclu du jeu.
La société peut se comparer à un jeu, avec ses règles propres de coexistence. Ces règles constituent le Droit. Elles ont une histoire nationale et internationale qui permet de les remettre dans leur contexte et de comprendre leur évolution. Elles sont obligatoires pour tous et toutes. Tout manquement grave peut valoir une forme d’exclusion du jeu social. En d’autres termes, le droit sanctionne, pas la morale.
Certes, souvent l’application du droit laisse à désirer pour des raisons diverses. A titre d’exemples, on peut citer le manque d’agents ou de relais syndicaux pour le droit du travail, l’appréhension faussée par certains policiers ou juges des violences contre les femmes, l’absence de volonté du législateur de condamner – même quand les textes de loi existent- des pratiques économiques ou environnementales qu’ils estiment contraires à l’intérêt de l’économie capitaliste.
D’un autre côté, il peut y avoir à des moments historiques des lois scélérates (lois racistes) ou des lois attentatoires à la liberté (la loi interdisant de prendre en photo les policiers dans l’exercice de leurs fonctions) auxquelles, pour certains d’entre nous, notre idée du bien et du mal nous ordonne de désobéir.
Le droit dans un Etat démocratique ne prétend pas changer le monde. Il s’efforce d’organiser les relations humaines dans le sens de l’apaisement en tenant compte des contradictions inhérentes à toute société humaine.
Rappelons quelques unes des règles contenues dans la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 ou dans le préambule de la Constitution de 1946 ou encore dans la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 :
– La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (art 4 de la DDHC, 1789)
– La loi garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux de l’homme (art 3 du Préambule de 1946)
– Toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur le territoire de la république.(art 4 du même préambule)
– Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.( art 10 de la DDH, 1789)
– La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme.(art 11 de la DDH, 1789)
– La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret. (art 21 de la DUDH, 1948

L’enseignement de certains grands principes du droit, de leur histoire et de la difficulté de leur mise en œuvre ne semble pas faire partie des enseignements obligatoires dans les collèges et lycées. Seul le Bac STMG (Sciences et techniques du management et de la gestion) , comporte un enseignement de droit tourné vers les techniques du droit.

Pourquoi les principes généraux du droit ne sont-ils pas enseignés dans le secondaire ? Sans doute a-t-on peur d’ennuyer les jeunes avec des concepts et des techniques compliqués et inutiles.
Il s’agirait seulement de remplacer l’éducation morale par la sensibilisation aux règles essentielles et sanctionnées qui structurent notre jeu social. On peut espérer que cette approche loin de dégoutter les jeunes élèves, leur rendrait le droit sympathique et qu’ils comprendraient mieux pourquoi une règle juridique édictée pour le bien des citoyens doit être appliquée par tous.

De la colère au ressentiment puis à l’indifférence ( Inspiré par « Ci-gît l’amer » de Cynthia Fleury

Merci à Cynthia Fleury de m’avoir aidé à identifier ce mal qui me ronge : Le ressentiment contre l’humanité entière.
Née Juive en 1940, j’ai cru pendant longtemps au « Plus jamais ça ! » malgré le pessimisme de mon père qui répétait à l’envi qu’il y aurait une troisième guerre mondiale, parce que l’économie l’exigeait et parce que les êtres humains aimaient la guerre.
J’ai milité toute ma vie pour que le monde change.
Dans les années 90, je me suis sentie peu à peu envahie par une forme d’envie ridicule : vis à vis des riches, vis à vis des belles femmes, vis à vis des gens qui parlent bien…
Mais un autre sentiment commençait à s’insinuer en moi. Déprime, tristesse …
Puis j’ai appris à le nommer : Colère. Colère contre les « amis » qui ne parlent que d’eux , contre la connerie, contre le fanatisme, contre la démagogie, contre les râleurs professionnels…
C’est fatigant et inutile d’être tout le temps en colère.
Alors, il y a environ dix ans, j’ai entrevu au fond de moi l’indifférence : « Le sujet ressentimiste » va projeter sur le monde un voile d’indifférenciation et de dénigrement qui ne lui permet plus de se nourrir de ce monde. » dit Cynthia Fleury (interview dans ELLE de novembre 2020 à propos de son livre : « Ci-git l’amer-Guérir du ressentiment, Gallimard)
Il n’y a peut-être rien de pire que l’indifférence.
Le monde comme il va, me conduit à une forme de colère calme, résiliente, à forte dose d’indifférence.
Je ne pense pas que les êtres humains puissent changer. De nouvelles catastrophes se produisent partout autour de nous. Le racisme, le sexisme, l’antisémitisme perdurent.
Du côté de la « révolte » les nouvelles féministes intersectionnelles, les nouveaux anti-racistes, les mélenchonistes et autres Hamonistes me donnent envie de pleurer quand il faudrait en rire.
Telle Sisyphe, je pousse mon petit rocher qui retombe.
Pourquoi se battre contre des moulins à vent ?
Vos recettes, chère Cynthia, ne sont pas adaptées à mes 80 ans : être un artisan, jardiner, faire de la méditation, aimer et procréer, s’engager politiquement… A part l’artisanat, j’ai tout fait . pour moi la vie a été belle malgré tout. mais comment se contenter de sa petite vie ?
Peut être finalement l’indifférence est-elle MA solution. Mais elle est désespérément triste.