J’ai reçu hier le texte d’une pétition demandant la rupture des accords entre l’UE et Israël. Elle émanait d’un groupe de juifs pour la paix. Jusqu’à présent j’avais signé ces pétitions.
Mais celle-ci, je ne peux pas la signer. La juive en moi bloque ma profonde haine de la guerre, des injustices, des discriminations, des massacres.
Depuis l’explosion des bippers, une sorte de fierté d’appartenance s’est emparée de mon esprit.
L’assassinat de Nasrallah, malgré les centaines de victimes civiles collatérales, n’a fait que renforcer cette étrange fierté.
Et cette fierté, je la rationalise : les Israéliens sont intervenus au Liban pour permettre aux Israéliens chassés du nord d’Israël par les missiles du Hezbollah de rentrer chez eux. L’intervention à Gaza est la réponse, certes disproportionnée, à l’horrible pogrom du 7 octobre. Tout cela n’est pas faux mais rien ne justifie de tels massacres.
Je sais que le gouvernement de Netanyahou est d’extrême droite et que son but est de faire oublier ses dérives et de faire de la Palestine dans son entier un Etat juif, au risque de massacrer des milliers de civils.
Je condamne cette politique. Je la hais. Je sais que cette guerre était évitable si les gouvernements successifs israéliens et palestiniens avaient opté pour une négociation aboutissant à la création de deux Etats et si les organisations internationales mises en place après la deuxième guerre mondiale avaient encore un pouvoir d’arbitrage opérationnel et juste.
Et pourtant, au fond de moi la blessure de la guerre de 40 (date de ma naissance), celle de l’antisémitisme sont si douloureuses, si contraires à mon universalisme, que je ne peux pas m’empêcher de penser que la réaction israélienne est la seule possible si l’Etat d’israël veut survivre à la haine qu’il suscite dans la région.
En écrivant cela, je sais que je peux susciter la haine en retour (dans l’éventualité où des gens lisent ce blog!). Et c’est justement cela qui me désespère.
« Un homme ça s’empêche » disait l’instituteur de Camus. Comment arrêter ce cercle vicieux qui ne résout rien, communautés contre communautés, vengeances sans fin …. Comment continuer à vouloir la paix dans un contexte de violence et de haine, comment guérir nos blessures intimes et parvenir à pacifier et à rationaliser nos émotions?