Israël, Gaza, Liban…Etats d’âme d’une vieille juive

J’ai reçu hier le texte d’une pétition demandant la rupture des accords entre l’UE et Israël. Elle émanait d’un groupe de juifs pour la paix. Jusqu’à présent j’avais signé ces pétitions.

Mais celle-ci, je ne peux pas la signer. La juive en moi bloque ma profonde haine de la guerre, des injustices, des discriminations, des massacres.

Depuis l’explosion des bippers, une sorte de fierté d’appartenance s’est emparée de mon esprit.

L’assassinat de Nasrallah, malgré les centaines de victimes civiles collatérales, n’a fait que renforcer cette étrange fierté.

Et cette fierté, je la rationalise : les Israéliens sont intervenus au Liban pour permettre aux Israéliens chassés du nord d’Israël par les missiles du Hezbollah de rentrer chez eux. L’intervention à Gaza est la réponse, certes disproportionnée, à l’horrible pogrom du 7 octobre. Tout cela n’est pas faux mais rien ne justifie de tels massacres.

Je sais que le gouvernement de Netanyahou est d’extrême droite et que son but est de faire oublier ses dérives et de faire de la Palestine dans son entier un Etat juif, au risque de massacrer des milliers de civils.

Je condamne cette politique. Je la hais. Je sais que cette guerre était évitable si les gouvernements successifs israéliens et palestiniens avaient opté pour une négociation aboutissant à la création de deux Etats et si les organisations internationales mises en place après la deuxième guerre mondiale avaient encore un pouvoir d’arbitrage opérationnel et juste.

Et pourtant, au fond de moi la blessure de la guerre de 40 (date de ma naissance), celle de l’antisémitisme sont si douloureuses, si contraires à mon universalisme, que je ne peux pas m’empêcher de penser que la réaction israélienne est la seule possible si l’Etat d’israël veut survivre à la haine qu’il suscite dans la région.

En écrivant cela, je sais que je peux susciter la haine en retour (dans l’éventualité où des gens lisent ce blog!). Et c’est justement cela qui me désespère.

« Un homme ça s’empêche » disait l’instituteur de Camus. Comment arrêter ce cercle vicieux qui ne résout rien, communautés contre communautés, vengeances sans fin …. Comment continuer à vouloir la paix dans un contexte de violence et de haine, comment guérir nos blessures intimes et parvenir à pacifier et à rationaliser nos émotions?

Le vertige Me Too et le courage de la nuance

« Et je serais tenté de vous dire que nous luttons justement pour des nuances, mais des nuances qui ont l’importance de l’homme même. Nous luttons pour cette nuance qui sépare le sacrifice de la mystique, l’énergie de la violence, la force de la cruauté, pour cette plus faible nuance encore qui sépare le faux du vrai et l’homme que nous espérons des dieux lâches que vous révérez. »
Albert Camus

Lettres à un ami allemand,1943

Cette phrase de Camus m’obsède depuis plus de 60 ans. Elle m’a empêché de participer pleinement à certains groupes militants, agrippés à leurs certitudes.Et maintenant, après la chute de l’URSS et bien d’autres dérives, elle me conforte dans mes contradictions. Dubito ergo sum.

Caroline Fourest, militante féministe de la première heure, autrice de : »Le vertige Me Too » a eu le courage d’introduire des nuances dans la mise en oeuvre de ce slogan.

Après avoir rappelé les détails des différentes affaires de viols ou de harcèlements sexuels qui ont été médiatisés depuis ce XX1 sème siècle, à juste titre, elle s’attache dans une deuxième partie, à mettre en lumière les cas douteux, où la surmédiatisation risque de bouleverser la vie d’innocents.

« Avant Me Too, les victimes d’agressions tremblaient de peur. Rares étaient les fausses dénonciations. Depuis que la peur a changé de camp, dénoncer une agression sexuelle est mieux accepté voire héroïsé. Dans les milieux les plus éveillés, la parole des victimes étant sacrée, il devient même impossible d’en douter ou d’invoquer la présomption d’innocence sans passer pour un traitre. » (page 189)

Quand Caroline Fourest émet des doutes sur un cas, elle le décrit dans les détails. A aucun moment, elle ne remet en cause la nécessité de dénoncer des agissements criminels.

Elle pose cette question fondamentale : « L’un des apports incontestables de Me Too est de cesser de mettre en doute, de façon systématique, la parole des victimes. Tout le monde, sauf les violeurs, s’en félicite. Il faut effectivement écouter toute personne se disant victime d’une agression. Mais faut-il pour autant croire sur parole toute accusation? Cela reviendrait à basculer dans une justice alternative, expéditive et arbitraire, qui n’a rien de juste. »(page 198)

Dans sa conclusion, elle fait plusieurs propositions : remplacer « je te crois » par « je t’écoute », » ne pas mélanger l’offense et la violence sexuelle, la proposition (même maladroite) et l’agression », « ne plus confondre le féminisme avec le victimisme »…

Il ne s’agit pas ici de faire une critique complète du livre mais d’attirer l’attention sur l’importance des nuances et des contradictions dans toute analyse d’un fait de société. Depuis la parution du livre j’ai entendu beaucoup de critiques plus ou moins claires à son encontre. Caroline Fourest a beaucoup de clairvoyance et de courage. Nos sociétés à parole unique iraient mieux si elles suivaient son exemple;

Que l’on me permette de citer ici Jean Birnbaum dans un texte sur Camus : « Comment concilier indignation et lucidité ?Un révolté peut-il donner libre cours à son « gout pour la justice » et en même temps « tenir les yeux ouverts »…

« Contre les rentiers de la révolution, qui moquent en lui un démocrate mou, « bourgeois naïf » (Sartre), Camus tient bon. Qui reconnait ses erreurs n’est pas un tiède mais un homme d’honneur. Qui affronte ses contradictions intimes ne mérite pas le nom de lâche. Il y a un courage des limites, une radicalité de la mesure« 

« Quand la sottise infecte les discours, quand les certitudes étouffent toute parole libre, tenir sa langue est le meilleur des gestes barrières…Sept décennies plus tard et alors que prolifèrent à nouveau les épurateurs de tous poils, la voix de Camus résonne pour nous le rappeler : dans le brouhaha des évidences, il n’y a pas plus radical que la nuance. »

Caroline Fourest en héritière de Camus? Quel plus beau compliment puis-je lui faire ?

 

 

 

Quelques réflexions banales sur une piscine, le Droit et le vivre-ensemble.

Un gamin de 13/14 ans rentre dans la piscine de la résidence et commence à lire le règlement. « Il est interdit de fumer, Il est interdit de venir avec un animal, il est interdit de sauter dans la piscine, il est interdit de jouer avec des gros objets en plastique…etc »

Son visage ne trahit aucun sentiment particulier. Il pose sa serviette et…saute dans la piscine éclaboussant au passage une dame qui fait ses longueurs.

Il y a plus grave. Et pourtant c’est le début d’une ignorance crasse des règles de vie en société. de même que ce jeune homme qui ce matin parcourait la promenade le long de la mer, réservée aux piétons, perché sur la roue arrière de son vélo à toute vitesse. On pourrait multiplier les exemples.

Confrontée à ce genre de comportements, je n’arrive pas à y être indifférente. Le fait d’avoir fait du Droit n’est certes pas étranger à ma réaction. Le droit est indispensable pour que des individus différents puissent vivre le plus harmonieusement possible sur le même territoire, que ce soit une résidence ou le Monde !

Le Droit, par l’intermédiaire de règlements qui n’ont le plus souvent aucun caractère obligatoire, énonce des interdictions, des restrictions, afin que chacun(e) puisse trouver sa juste place et ne pas craindre de sortir de chez lui. Mais ces règles peuvent être interprétées. On peut même désobéir au droit injuste (cf Thoreau). Dans le cas de la piscine, il suffit juste de sauter quand il n’y a personne ou peu de monde, ou pas de personnes fragiles.

Il y a des gens qui trouvent une forme de fierté dans le non respect des règlements. Cela peut parfois être grandiose (la résistance à l’occupant), mais est souvent simplement stupide.Ces mêmes personnes ne semblent pas avoir la moindre idée sur les possibilités de changer nos sociétés égocentriques.

J’ai cité deux exemples banals, quotidiens et sans gravité. Mais si l’on transpose ces exemples à des situations ou des vies humaines sont en jeu, alors le mépris du droit peut devenir criminel. C’est ce qui se passe avec le droit international, élaboré au cours du XXième siècle essentiellement après la deuxième guerre mondiale.

L’ONU appelle Israël à faire preuve de modération, s’inquiète de la situation de guerre au Soudan etc… il semble que ces rappels à l’ordre comme ceux de la Cour pénale internationale indiffèrent les protagonistes.

Face à cette situation, on hésite entre la colère et le désespoir.

Quelles solutions, à part la guerre?

Peut-être faut-il former les enfants à l’école et à la maison au respect de l’Autre, enseigner les grands principes du droit dès le collège, pas la morale, l’histoire de la mise en place des organismes internationaux et nationaux des droits des êtres humains et des principes du droit qui l’accompagne.

Il n’y a pas de droit sans mécanismes d’application du droit (comme l’inspection du travail en droit du travail). Faut-il alors faire la guerre aux Talibans pour que les femmes afghanes vivent libres ? La guerre n’est pas une solution. Il faut redonner aux organismes internationaux le pouvoir d’agir. C’est loin d’être simple. Mais surtout il faut cesser de considérer le droit comme une discipline secondaire, ce qui implique aussi de ne pas multiplier les lois inutiles.

A suivre

 

 

 

Les programmes des partis de gauche sans imagination!

Abrogation de la loi sur les retraites, augmentation du SMIC, rétablissement de l’ISF.

C’est un peu court camarades ! Il fut un temps lointain ou il y avait un Commissaire au Plan (Le pauvre Bayrou ne semble pas briller à ce poste). Imaginer un monde moins injuste, des réformes de fond, des salaires augmentés pour les métiers les plus durs et les plus utiles, une participation plus active des représentants des salariés( et des salariés, des agriculteurs…des gens tout simplement, par le biais de conventions citoyennes) à l’élaboration des politiques dans les entreprises, la fonction publique, les TPE et PME,..

Et puis surtout dans ce pays où l’on produit des lois à foison, prévoir des dispositifs d’application des décisions ou lois.

Abolir la loi sur les retraites ? Comment assurer la survie du système alors que le nombre de vieux est en augmentation constante ? Augmenter le SMIC sans se soucier des TPE/PME et des conséquences sur l’ensemble des rémunérations ? …

Il ne s’agit pas de refaire le monde. Les êtres humains sont trop stupides et pour certains trop avides de pouvoir et de reconnaissance. Notre génération y a cru et l’échec a été douloureux. Il s’agit juste de l’améliorer dans le sens de plus de justice et d’égalité sans prétendre effacer le capitalisme d’un trait de loi.

Pour cela, il faudrait que les hommes et femmes politiques soient en empathie avec les « invisibles »et que les CHEFS et CHEFTAINES sont moins obsédés par la prochaine élection et plus intéressés par exemple par le sort des nouvelles générations dans ce monde qui s’écroule.

Bien sûr, ce n’est pas facile mais on peut au moins essayer comme Jean Louis Borloo l’avait fait dans son rapport sur les banlieues, jeté aux poubelles de l’histoire par la décision d’UN homme, imbu de lui même, Emmanuel Macron.

Ne cours plus camarade mais réfléchis, regarde autour de toi les « travailleurs indépendants » s’épuiser sur leurs vélos, les soignant(e)s désespérés, les travailleurs sans papiers bosser 15 heures par jour etc

La reconnaissance

« La satisfaction que l’on tire de la conformité aux normes du groupe explique en grande partie la puissance des sentiments communautaires, le besoin d’appartenir à un groupe, à un pays, une communauté religieuse.

Suivre scrupuleusement les habitudes de votre milieu vous procure la satisfaction de vous sentir exister par le groupe. …

Si je n’ai rien dont je puisse être fier dans ma vie, je m’attache avec d’autant plus d’acharnement à prouver ou à défendre la bonne renommée de ma nation ou de ma communauté religieuse… »

Todorov

Fin de vie, Guerres, Racisme, Israêl, Gaza…

Lettre au Rabbin Haim Korsia :

Je vous écoutais pérorer à la télévision, dans l’émission  » C’est à vous » sur la fin de vie.

Vous vous déclariez horrifié par une éventuelle nouvelle loi qui irait à l’encontre de l’interdiction de donner la mort. Depuis plusieurs mois vous vous répandez sur les médias ou auprès du Président… en propos contre cette loi. « Celui qui me soigne pourrait me tuer », vous exclamez vous avec horreur. Pauvre Haïm!

Vous avez parfaitement le droit d’exprimer votre opinion en tant que représentant d’une religion . Mais de quel droit et au nom de quelle délégation de pouvoir, osez-vous parler en mon nom ? Depuis longtemps déjà, quand on parle des juifs, on dit : « Les citoyens de confession juive » ou encore : » Les membres de la communauté juive. » Moi, Régine Cohen née le 21 Aout 1940, faite juive par la haine et la peur, je ne me reconnais dans aucune de ces dénominations.

Et le plus intolérable est que cette prise de position pédante arrive alors que la guerre tue en Ukraine, au Soudan, en RDC, en Israel pour ne citer que quelques exemples. Dans tous ces pays, on ne soigne pas, on tue, celui ou celle qui appartient à une autre ethnie, à un autre peuple, à une autre religion. Au moment même de votre déclaration, Israël bombardait un camp de réfugiés faisant des dizaines de morts et de blessés.

La vie est sacrée dites vous mais vous a-t-on entendu condamner Israël ? On ne peut pas aider à mourir une personne qui le demande en suppliant au nom du droit de disposer de son corps mais on peut impunément massacrer des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, en arguant de la vengeance !

Je suis née il y a 84 ans, dans un monde habité par la violence, la mort, la terreur. J’en ai assez vu. Je refuse de continuer à vivre si je souffre ou devient dépendante. La liberté est ma passion. Il s’agit juste de me donner les moyens de mourir le plus sereinement possible. C’est simple. Personne n’y est obligé. Pourquoi cette timidité autour de la MORT volontaire alors que la mort involontaire’ est partout autour de nous, sans que beaucoup d’entre nous s’en préoccupent plus que… du prix des yaourts.

Je ne renierai jamais ma judéité mais je refuse d’appartenir à une communauté qui admettrait les massacres à Gaza ou les meurtres en Cisjordanie. Je comprends les Israéliens qui ne se remettent pas du pogrom du 7 octobre. Comment ne pas avoir l’impression que nous ne sortirons jamais de la haine des juifs ? Mais rien ne justifie les massacres à Gaza.

Au milieu de toute cette bêtise, de cette violence, comment espérer encore ?

« Moman, pourquoi les imbéciles sont stupides ? » ( « Moman, Pourquoi les méchants sont méchants » de Jean Claude Grumberg)

Une ressemblance entre Poutine et les auteurs de feminicides ?

En tant que bénévole dans une association de femmes, je reçois chaque semaine des femmes victimes de violences. Leur récit sur le comportement de leurs conjoint m’a fait penser …à Poutine.

Etrange. Et pourtant, il y a quelque chose de commun entre les auteurs de ces crimes et Poutine : la violence associée à de l’indifférence. Ces hommes ne tuent pas par amour. Ils ne supportent pas que leur pouvoir absolu sur leur propriété soit remis en cause.. Même s’ils les haïssent, elles leur appartiennent.

Le pouvoir sur la Russie appartient à Poutine et tous ceux qui veulent s’approprier, même une infime composante de ce pouvoir, doivent disparaitre dans des conditions d’une violence inouie.

Comparaison n’est pas raison. Mais peu importe. Poutine représente une sorte de quintessence du pouvoir patriarcal. Cette comparaison hasardeuse n’ignore pas bien sûr les autres composantes de ce régime dictatorial.

La persistance du pouvoir patriarcal fait beaucoup de dégâts dans le monde. Il serait absurde d’affirmer que la prise du pouvoir par les femmes changerait notablement cette situation. Mais un partage du pouvoir permettrait peut-être des changements.

Peut-être est-ce le pouvoir qui corrompt ? Il nous faut alors repenser à d’autres formes de gouvernance. Notre génération a échoué. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner.

Juifs face à la guerre à Gaza

Cette pétition est parue sur le site du « Monde » et a été signée à ce jour par 196 personnes, dont je fais partie. Elle nous a valu les insultes de Tribune Juive sous les titre : « Ils ont signé et ils nous font honte; un pogrom expliqué et excusé par des pleutres abrutis par la lecture du Monde. On est au bout de l’indignité. »
Nous Français juives et juifs appelons à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza

Après 75 années d’occupation accompagnée d’humiliations, d’expulsions de leurs maisons et de leurs terres, d’emprisonnements arbitraires, de meurtres multiples, d’implantation de colonies, et d’échecs de différentes actions pacifiques, on peut comprendre que de nombreux Palestinien.nes refusent de condamner l’action du Hamas du 7 octobre en la considérant comme un acte légitime de résistance à la colonisation et au terrorisme d’état d’Israël. On peut aussi comprendre qu’après les 1 200 meurtres, les viols, les violences sexuelles et l’enlèvement de près de 200 otages dont une majorité de civil.es, de nombreux Israélien.nes soutiennent les actions meurtrières de l’armée en les considérant comme une réponse légitime aux actions du Hamas. Toutefois, nous condamnons tous ces actes terroristes.
Ce n’est pas parce que Juives et Juifs que nous condamnons les actes terroristes et les crimes de guerre que constituent les meurtres, les viols, les violences sexuelles et les enlèvements de civil.es perpétrés par des commandos du Hamas. Ce n’est pas bien que Juives et Juifs que nous condamnons les actes terroristes et crimes de guerre que sont les bombardements, destructions et massacres massifs, en très grande majorité de femmes et d’enfants, commis par l’armée israélienne et les colons à Gaza et en Cisjordanie depuis plus de 3 mois. C’est parce que nous sommes attaché.es à la dignité de toute personne humaine que nous les réprouvons sans considérer que les Palestiniens ou les Israéliens seraient criminels ou terroristes par nature.
Cette condamnation n’est pas sans liens avec notre judéité, une composante parmi d’autres de nos identités multiples, un héritage familial qui rattache certain.es des signataires à l’histoire du génocide des Juifs d’Europe. Une grande partie des familles de celles et ceux d’entre nous qui sont originaires d’Europe centrale et orientale a été assassinée par les nazis et leurs collaborateurs locaux au cours de l’Holocauste. Certain.es d’entre nous, de nos parents et de nos grands-parents ont survécu à la chasse aux Juifs menée par la Gestapo et la police de Vichy. Refusant d’obéir aux injonctions à se déclarer Juifs et à porter l’étoile jaune, ils ont choisi de résister, de se cacher et de cacher leurs enfants. Beaucoup parmi eux ont échappé à la mort grâce à la solidarité et à la désobéissance civile de Français non-Juifs qui les ont cachés au péril de leur propre vie, sans demander qui ils étaient, ni d’où ils venaient.
C’est aussi au nom de ce passé que nous affirmons qu’il est illégitime et ignoble de justifier le massacre de dizaines de milliers de civil.es Gazaouis et Cisjordaniens au nom du génocide des Juifs d’Europe, auquel le peuple Palestinien n’a en rien participé. Avec beaucoup de Juives et de Juifs à travers le monde, y compris en Israël, nous dénions au gouvernement Netanyahou et à ses soutiens le droit, en se prévalant de la Shoah, d’agir à Gaza et en Cisjordanie en notre nom et en celui de nos ancêtres.
Pour autant, comprendre ce que ressentent les deux peuples, ce n’est ni excuser, ni justifier les crimes de guerre. Rien n’excuse ni ne justifie le choix du Hamas de cibler délibérément des civil.es. Si nous soutenons le peuple palestinien quand il revendique, y compris par la lutte armée contre l’armée israélienne ou les colons armés, ses droits nationaux face à Israël, et auparavant contre le colonisateur britannique, cette juste fin ne légitime pas tous les moyens. L’Histoire montre que ceux qui se livrent à de tels actes dans leur combat pour l’indépendance en arrivent ensuite à les reproduire contre leur propre peuple.
Rien ne peut davantage excuser ni justifier le traitement par Israël des Palestiniens comme des « animaux humains ». Rien ne peut justifier la destruction de maisons, d’hôpitaux, d’écoles, de routes, de quartiers voire de villes entières, la privation de nourriture, d’eau et de soins, les déplacements forcés, ni les assassinats en masse. Rien ne peut justifier les encouragements et soutiens aux colons armés qui exproprient et tirent à vue sur des Palestiniens de Cisjordanie. Rien ne justifie ou n’excuse ni l’antisémitisme, ni le racisme anti-arabe, ni l’apartheid. On ne peut ni justifier, ni excuser la négation de l’existence et des droits des peuples palestinien et israélien. La haine sans cesse alimentée, le fondamentalisme religieux et le recours au terrorisme que partagent les dirigeants du Hamas et les dirigeants israéliens actuels ne peuvent qu’engendrer la guerre sans cesse recommencée. En transformant leur « Terre sainte » en charnier, ils se renforcent réciproquement. Ils empêchent toute solution politique, la seule issue, même si sa forme est difficile à prévoir, pour que ces peuples puissent un jour vivre en paix, à égalité de dignité et de droit. La recherche d’une paix juste et durable est la seule alternative à l’épuration ethnique à laquelle aspirent les fous de Dieu des deux camps.
Nous sommes solidaires des familles des otages israélien.nes comme des familles des prisonniers palestinien.nes, solidaires de celles et ceux qui, en Israël, combattent la sale guerre en cours, et solidaires de celles et ceux qui subissent les massacres à Gaza et en Cisjordanie. Comme des millions de personnes à travers le monde, nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.
Nous appelons le gouvernement français à œuvrer, notamment au sein des instances internationales, au cessez-le-feu immédiat et durable.
Premiers signataires
Edgar Blaustein, militant associatif
Dominique Glaymann, sociologue, militant associatif Claude Szatan, militant associatif
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Un trajet ordinaire

J’étais assise à l’arrière de l’autobus, là où il y a deux places qui se font face , une marche pour y accéder et aucune barre pour se tenir. Si vous parvenez à vous asseoir, vous passez le reste du trajet à échafauder des plans pour le moment où vous allez descendre.
Assise à l’une de ces places, j’observais la file de voyageurs qui s’allongeait dans « le fond de l’autobus » et calculais mes chances de descendre sans me casser la figure.
Mes pensées furent interrompues par un petit spectacle qui se déroulait dans l’espace identique situé de l’autre côté de l’allée centrale : un vieux monsieur essayait de s’extraire de sa place près de la fenêtre mais se heurtait à la présence d’un gros sac noir situé aux pieds d’un jeune homme, écouteurs sur les oreilles. Un ami du vieux monsieur enleva alors le sac afin qu’il puisse s’extraire.
Le jeune homme courroucé saisit alors le sac, murmura une sorte d’accusation de vol… et le posa sur le siège laissé vacant par le vieux monsieur, sans un regard pour la file de gens debout dans le couloir.
C’est alors qu’un gros monsieur s’écroula à mes côtés non sans m’avoir envoyé son sac à dos dans la figure. Il ne parut pas s’apercevoir que j’existais.
Il y a quelques années, j’aurais sans doute vociféré contre ces incivilités qui ont toujours représenté pour moi la première étape vers des comportements beaucoup plus graves voire létaux.
En regagnant mon appartement, je me sentais gagnée par l’indifférence et j’évoquais cette phrase de Montaigne : » La plus grande chose du monde c’est de savoir être à soi. il est temps de nous dénouer de la société puisque nous n’y pouvons rien apporter. »

Réforme : amélioration apportée dans le domaine social (Petit Robert)

Toute négociation, toute discussion suppose que l’on s’entende sur les mots.

Une modification de la loi pour remédier à un déficit inéluctable n’est pas une réforme. C’est la prise en compte d’un fait objectif et des moyens d’y remédier .(La part des retraités dans la population )

De même, renvoyer les migrants sans papiers est une régression et pas une réforme…etc

On pourrait faire une liste interminable des « fausses » réformes.

Les présenter comme des améliorations rend tout débat impossible.

Ce serait être aveugle ou stupide que de ne pas tenir compte de la nécessité parfois d’adapter la loi à une nouvelle donne.

Dans une économie complètement libérale, on peut s’arrêter là et dire aux gens : « capitalisez, démerdez-vous »

La société française avait jusqu’à ces dernières années un assez bon système de protection sociale. Il est en train de s’effriter.

Les citoyens les moins favorisés ou au contact des exclus le constatent tous les jours. Leur colère contre l’exclusion sociale est parfaitement justifiée.

Ce qui est injustifiable, c’est le mépris de classe auquel ils se heurtent.

La tentation est grande alors de reprendre les slogans de Mai 68 : « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner. » ou « Soyez réalistes, demandez l’impossible. »

Les deux attitudes ne peuvent conduire qu’à la violence dangereuse.

Une seule solution  : Ecouter l’Autre.

Nous savons tous que c’est une tare de nos sociétés , de bas en haut, que de s’écouter parler sans prêter attention au discours de son interlocuteur!

Et ça, c’est difficile à réformer !