« Nous tout ce qu’on veut c’est être heureux avant d’être vieux » (D. Balavoine)

J’aime beaucoup Daniel Balavoine. Mais en entendant ces paroles par hasard l’autre jour, je me suis sentie tout à coup…interloquée!
Etre vieux = Etre malheureux… dans l’esprit de ce jeune homme, qui, malheureusement, n’aura jamais eu l’occasion de faire l’expérience de la vieillesse, ni même pu vivre longtemps sa belle jeunesse.
Peut-être que je me raconte des histoires, mais j’affirme que je suis (non pas heureuse, j’ai du mal à dire ces mots tant il me parait impossible d’être heureux dans ce monde ) mais apaisée, plus prudente (dans ma démarche certes…) mais aussi dans mon langage et dans ma pensée qui étaient autrefois si péremptoires
Je ne renie rien de mes révoltes mais je sais que rétablir la justice, supprimer les guerres, les jalousies, les racismes prendra trop de temps pour que je vois advenir une société débarrassée de ces maux de mon vivant.
Alors, je peux mieux profiter de Paris, des musées, de la mer,du shopping, de mes quelques proches encore de ce monde… J’aimerais par exemple pouvoir danser sur de la musique électro… Eh oui, je sais , c’est inimaginable et pourquoi donc ?
J’affirme que même avec cette foutue arthrose, avec la peur qui vous assaille à la moindre difficulté (la neige, le gel, les étages élevés sans ascenseur, la simple vue d’une bicyclette …) on peut se sentir en paix, chanceux quand on est vieux.
La jeunesse n’est pas une valeur en soi (ni la vieillesse bien sûr). Elles sont toutes deux des moments de la vie, inéluctables et que nous pouvons enlaidir ou embellir selon que nous avons ou non des aprioris (du genre : il faut réussir, il faut trouver son/sa prince(sse) charmant(e), il faut avoir des enfants, une montre Rolex…)
Par contre ce qui enlaidit nos vieux jours, c’est le refus de la vieillesse chez la majorité de nos contemporains. C’est une forme de racisme. Raymond Aron disait : « Le culte de la jeunesse est une manière pour les adultes de se persuader qu’ils n’ont pas vieilli. »
De même que pour faire disparaitre le racisme (!!!!), nous avons besoin que chacun fasse un effort de réflexion sur l’absurdité d’une telle attitude, pour que les vieux puissent vivre « heureux », ils ont besoin que l’attitude des jeunes et moins jeunes ne ressemble ni à de l’apitoiement, ni à de l’ignorance, ni à de l’agressivité. Tout exclu du monde dit normal est malheureux : soit il se referme dans son minuscule monde communautaire, soit il devient méchant et amer.
Je déteste les communautés, je déteste l’amertume. Je refuse de m’enfermer chez moi ou dans un monde de vieux.
Nous avons vécu, nous avons des choses à raconter, nous pouvons parler des contradictions de nos luttes passées ou présentes.
Finalement cette négation de la vieillesse – pour certains jeunes ou adultes- est une forme de révisionnisme, de négation de l’Histoire.
Et puis, quitte à me répéter, quand vraiment la mort ou l’extrême dépendance approchent, nous sommes majoritaires à demander à choisir notre fin sans que cette liberté ne nuise à qui que ce soit.