Avec mon amie Jacqueline Feldman, nous avons souhaité entamer une modeste critique de la notion d’identité juive et plus largement de la notion d’identité tout court.
Pour étayer les fondements de cette réflexion, dans un premier temps, nous aurons recours à des citations d’auteurs ou d’autrices venant de tous les horizons. Nous commençons par un extrait d’un article paru dans « Le Monde » du 1er octobre 2025, de Wadji Mouhawad, auteur franco-libanais, directeur du Théatre de la Colline:
« Qu’un peuple qui durant trois mille ans, fut celui qui porta haut les valeurs de l’universalisme, de l’humanité, qui trois mille ans durant, sut s’inscrire au coeur de chaque société, s’intégrant de l’Europe de l’est à l’Afrique du nord, malgré toute la haine véhiculée contre lui, qu’un peuple qui sut offrir à l’humanité tant de cadeaux, tant d’oeuvres, tant de trésors et qui trois mille ans durant, ne participa à aucun massacre, qui eut, bien au contraire de cela, à en subir tant et tant, de pogrom en pogrom, et des plus effroyables jusqu’à la Shoah, menace absolue de l’anéantissement, que ce peuple là si unique et si singulier, s’effondre aujourd’hui vers la banalité, en devenant un peuple qui, à l’image de tous les autres, succombe, entrainé tout entier par l’entêtement d’un Premier ministre à la tentation de la vengeance.
Tragédie dans la tragédie, chaque juif qu’il soit le plus fervent humaniste ou non, assiste impuissant à l’inscription dans son histoire d’un massacre d’un peuple contre un autre peuple, effaçant par là la singularité, l’unicité de son histoire. Cela, plus que bien d’autres menaces, est ce qui peut le mener à la disparition. Qu’est-ce que cela pourra signifier d’être juif, si être juif c’est entrer dans la même histoire sanglante de tous ? Disparition par la banalité, disparition éthique. »