Cet accord a été signé par trois syndicats représentatifs. Il contient quelques réformes mais aussi des reculs sur le droit du travail.
Nous sommes pour le moment dans un système capitaliste fondé sur l’entreprise privée (majoritairement), la liberté des échanges, le pouvoir des actionnaires, la recherche du profit considéré comme une contrepartie du risque encouru, l’accumulation du capital.
Tous les essais de construction du socialisme ont échoué et abouti à diverses formes de despotisme.
Il n’y a pas pour le moment d’alternative crédible au capitalisme. j’aurais tendance à penser que nos narcissismes, nos peurs, notre rapport pathologique au pouvoir ne sont pas étrangers à cet échec retentissant du XX° siècle. Mais c’est une autre histoire.
La seule possibilité d’adoucir la sauvagerie du capitalisme est donc de tenter quelques réformes qui ne l’effarouchent pas trop. Ce que l’on appelle « réformes » en période de crise se traduira le plus souvent par des reculs des droits des travailleurs entre autres.
Ces réformes ou reculs passent par la négociation donc les compromis. Ils nécessiteraient un syndicalisme fort et uni qui n’existe pas en France pour le moment. Le poids de l’histoire est tel qu’un changement rapide dans la structuration syndicale semble pour le moment impossible.
Il y aura donc une loi de plus, dont on espère qu’elle ne sera pas une usine à gaz impossible à faire appliquer notamment dans les TPE et les PME.
Il y aura notamment dans cette loi des essais de réglementation de l’interim, des CDD et du temps partiel. Faut-il rappeler que depuis la légalisation des entreprises d’interim dans les années 70 alors même que l’article L 125-1 du Code du travail de l’époque disposait : »Toute opération à but lucratif de fourniture de main-d’oeuvre qui a pour effet de causer un préjudice au salarié qu’elle concerne ou d’éluder l’application des dispositions légales est interdite. »
J’étais à l’époque inspectrice du travail et nous avions été nombreux à dresser procès verbal à ces nouvelles entreprises qui se réduisaient à l’époque à des cagibis avec un téléphone. Le Ministère du travail ne nous avait pas soutenu. On connait la suite.
Depuis , cinq lois sont intervenues pour tenter de règlementer cette utilisation abusive de contrats précaires (Lois de 1982, 1985,1986, 1990,2002). La loi de 1982 se donnait pour objet d’enserrer le recours à la main- d’oeuvre temporaire dans des limites strictes pour éviter qu’il ne devienne le substitut d’une politique de l’emploi dans l’entreprise. Les autres lois ont été dans le même sens. Et pourtant la précarité s’est poursuivie. Il n’est pas rare de rencontrer des travailleurs qui ont des contrats renouvelables chaque jour ou chaque mois.
Cet éclairage historique nous amène à nous interroger sur l’utilité de la loi en droit du travail dans la mesure ou le corps chargé de l’application du droit du travail est incompétent en matière de contrats de travail et d’autre part insuffisant en nombre, peu respecté et peu bavard.
Cette nouvelle loi de 2013 va tenter la répression par la taxation. Les autres lois vont-elles disparaitre ou le Code du travail continuera-t-il à s’acheminer vers l’obésité ?
Le travailleur seul face à un patron ne peut pas refuser un contrat précaire illégal. Seuls des syndicats bien implantés, prêts à faire appliquer les accords et les lois fussent-ils insuffisants peuvent aider les salariés . Chacun sait que les travailleurs en France se syndiquent peu en particulier parce qu’ils ne voient pas bien le bénéfice que cette démarche pourrait leur apporter.
Les syndicats « déambulatoires » croient-ils vraiment que leurs promenades bi-annuelles dans les rues des grandes villes vont modifier quoi que ce soit à la non application de droits minima pour les travailleurs ?
Je pense de plus en plus que le gauchisme est la maladie infantile du socialisme. Un certain syndicalisme d’opposition systématique serait-il atteint de maladie dégénérative ?