Monsieur le Président, je vous fais cette lettre que vous lirez peut-être …
Monsieur le Président, je sais qu’un sujet comme le droit de mourir dans la dignité risque de mobiliser des milliers de gens dans les rues de nos villes. Je sais que votre gouvernement soumis a des critiques parfois injustes n’a peut être pas le courage de susciter encore la hire des empêcheurs de vivre et de mourir librement.
Faire la loi afin qu’elle n’empêche ni la liberté individuelle ni le vivre ensemble n’est pas facile.
Votre 21ie engagement était ainsi rédigé : » Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. » Le rapport Sicard laissait esperer a ceux qui se battent depuis des dizaines d’années pour le droit de mourir dans la dignité que vous alliez enfin prendre en considération l’un de leur souhait les plus chers : ne plus avoir peur de la dépendance, des humiliations qu’elle implique, mourir quand on l’a decidé, entouré des gens qui vous aiment, sans craindre pour eux des poursuites pénales, sans leur avoir imposé pendant des années le poids d’une interminable agonie.
C’est un choix individuel qui n’entraine aucun prosélytisme. Chacun est libre de choisir sa mort. Certes on a le droit de se suicider. Mais partir sans violence est une demande raisonnable.
Le mot » euthanasie » , même s’il signifie « belle mort » déchaine des réactions horrifiées . Alors, bannissons le. Disons simplement que les personnes atteintes d’une maladie incurable et qui ont demandé a mourir et réitèré leur demande de ne pas souffrir inutilement doivent pouvoir se procurer la pillule qui leur permettra de s’endormir doucement. De même certains vieillards après 80ans qui voient arriver des jours et des jours de souffrance dont la seule issue est la mort (car quoi de plus incurable que la vieillesse dépendante?) seraient rassurés de savoir que le jour venu ils pourront mettre un terme digne a leur vie.
Les médecins n’ont pas a être prescripteurs en la matière. Ils ont montre leur incapacité collective a le faire et on peut comprendre leurs réticences. L’application affligeante de la loi Leonetti en est la démonstration ( voir le livre de Philippe Bataille : A la vie, à la mort, Ed Autrement, Paris, 2012)
Si j’ai écrit des directives claires, réitérées, disant mon refus de terminer ma vie dans des conditions que J’ESTIME humiliantes et sans intérêt , personne ne doit pouvoir décider a ma place .
Votre 21ieme proposition a été un espoir de changement pour des milliers de gens. En plus, elle ne coûte rien.Alors Monsieur le President, ne faites pas payer a ceux qui attendent une réforme très vite, les conséquences des agitations d’une droite sans objectifs alliée a une extrême droite qui a fait une démonstration de force lors des manifestations contre le mariage pour tous.
Gouverner c’est choisir. Jusque là, vous avez respecté les engagements qui dépendent de vous. Vous aviez évoqué un débat en Juin. D’après les sondages une majorité de Français attend cette réforme. Il ne reste plus qu’à la faire.
Monsieur le President, nous sommes nombreux a souhaiter vivre nos dernières années paisiblement en sachant que nous ne serons pas un poids pour nos proches et que athées, agnostiques ou croyants nous aurons une fin digne et sans souffrances inutiles.