Compétitivité et Droit du travail

Les droits des travailleurs sont en train de devenir la variable d’ajustement dans la recherche de la compétitivité des entreprises.
Le Droit du travail actuel est le résultat de luttes très dures, parfois meurtrières entamées au 19ième siècle.
Parmi ces conquêtes, le droit de se reposer un jour par semaine,les limites imposées au travail de nuit, les congés payés, le SMIC, la protection contre les licenciements abusifs, l’encadrement de ces droits dans des conventions collectives de branches, la création d’un corps d’inspecteurs du travail, les textes sur l’hygiène et la sécurité…etc
Bien sûr, ce droit fondé sur la subordination du salarié vis à vis de l’employeur, ne pouvait que connaitre des hauts et des bas en fonction de la conjoncture économique. Le pouvoir des syndicats s’affaiblit en période de crise et même si le droit ne change pas, on invente des solutions légales pour le contourner comme la légalisation des entreprises d’intérim et des CDD.
Si l’on ajoute aux lois anciennes, des textes de conjoncture et des textes pour tenter d’améliorer les textes précédents (comme en matière d’égalité entre femmes et hommes), on aboutit à un code du travail frappé d’obésité, inapplicable non seulement du fait de sa méconnaissance notamment dans les TPE, mais aussi de la pénurie d’inspecteurs et de contrôleurs du travail.
On en arrive à cette situation ubuesque de travailleurs poursuivant en justice les syndicats pour avoir demandé l’application du droit en matière de travail de nuit ou de travail du dimanche dans certains commerces.(cf Sephora)
Entre les démagogues de service, qui estiment que le repos du dimanche par exemple permet de se retrouver en famille et de se livrer à des activités ludiques (toujours en famille) dans un pays où des milliers de gens vivent seuls et ne comprennent pas pourquoi on voudrait les empêcher de travailler la nuit ou le dimanche et les patrons de choc qui voudraient supprimer purement et simplement le droit du travail pour retrouver de la compétitivité, y-a-t-il une troisième voie ?
J’espère que oui mais elle suppose de chaque côté une ouverture que l’on ne voit guère se manifester.
Le monde a changé. La mondialisation, l’échec retentissant du soi-disant socialisme,une idéologie consumériste qui n’a pas que des aspects négatifs, la révolution Internet…doivent nous amener à penser autrement.
Sans remettre en question les principaux acquis des travailleurs, on peut envisager une évolution du droit du travail qui prendrait en compte cette nouvelle société mais aussi les crises qui conduisent à un chômage de masse. Un chômeur de longue durée n’a plus de droits. Il risque de perdre son existence sociale. Revenir sur quelques avantages sociaux sous le contrôle des syndicats et de l’inspection du travail devrait pouvoir s’envisager.
Mais les obstacles sont légion: un syndicalisme français déambulatoire et catégoriel qui semble ignorer que ce sont les PME et les TPE qui créent des emplois, précisément là où ils ne sont pas présents et un corps d’inspecteurs du travail méconnu, silencieux, qui continue à mettre des PV dont 2% seulement font l’objet d’une condamnation.(Voir à ce sujet un excellent blog :le blog d’un inspecteur du travail-http://inspectiondutravail.wordpress.com
Ne pas faire appliquer les lois, c’est prendre le risque de la contagion. Pourquoi appliquer telle ou telle loi et pas telle autre ? Par contre soumettre le code du travail à une cure d’amaigrissement en donnant un cadre général et obligatoire à des principes de base qu’il faudrait redéfinir dans notre nouvelle société paraitrait une voie à suivre.