Interrogé sur France Inter la semaine dernière, notre pétillant ministre du redressement productif répondait aux questions des auditeurs. L’un d’entre eux, artisan ou petit entrepreneur se plaignait des contrôles administratifs multiples et citait l’inspection du travail comme exemple.
Notre ministre « de gauche » ne s’émut guère de cette remarque. Il se déclara d’accord avec son interlocuteur sur l’excès des procédures administratives, ne fit aucune allusion au rôle éventuellement positif de l’Inspection du travail pour faire respecter la législation du travail et partit dans une tirade contre la multiplicité des règles environnementales.
Les 20% de personnes qui en France tentent encore de défendre ce gouvernement commencent à se lasser.
Même si l’on estime que le trop plein d’avantages sociaux nuit à la compétitivité de la France (encore faudrait-il oser le dire et le prouver), comment accepter que soit remise en cause l’une des seules institutions qui tente de faire respecter le droit des travailleurs dans un pays où 8% de travailleurs sont syndiqués !
Il faut rappeler quelques chiffres à propos de ce corps de l’Inspection du travail créé à la fin du XIX ° siècle : 800 inspecteurs et 1500 contrôleurs sont censés contrôler plus de 18 millions de salariés du secteur privé.
Ils sont souvent l’objet d’insultes, d’agressions lors de leurs visites. Il y a même eu deux morts il y a quelques années( le 2 septembre 2004 à Saussignac en Dordogne). Les suicides n’y sont pas rares.
Une réforme est en cours qui permettrait aux inspecteurs d’infliger directement des amendes aux employeurs au lieu de faire des PV jugés au pénal dont plus de la moitié sont classés sans suite et dont 2% seulement aboutissent à une condamnation à l’issue de procédures très longues). On ne peut semble-t-il que se féliciter de cette réforme.
Par contre des inspecteurs du travail sont en grève contre une partie de ce projet de loi qui prévoit le regroupement de 8 à 12 agents dans des « Unités de contrôle » qui devront rendre compte à un responsable
Ils estiment que l’indépendance de l’inspection du travail est remise en cause.(Voir le Blog d’un inspecteur du travail déjà cité- thotmania)
Un autre aspect de la réforme me parait grave, c’est la limitation du nombre des priorités assignées aux agents. L’une de ces priorités est la lutte contre le travail illégal. Haro sur les sans-papiers, dont il faut rappeler qu’ils sont nombreux dans des secteurs délaissés par les franco-européens, notamment les Hôtels cafés restaurants.
Il faut peut-être revenir sur le droit du travail acquis, acquérir plus de flexibilité. Mais alors, Messieurs qui nous gouvernez ayez le courage de le dire et de l’organiser.
Quant aux bonnets de toutes les couleurs, ont-ils oublié que les impôts financent aussi une protection sociale remarquable.
Il semble que nous ne puissions pas sortir actuellement du capitalisme. Or le capitalisme veut dire association du capital et du travail.