Juste au moment ou à l’instar de Shlomo Sand, je me sentais presque prête à « cesser d’être juive », Dieudonné et son spectacle, « Le Mur », ont fait irruption dans ma tranquille béatitude.
Ce sera donc pour plus tard, quand les antisémites et les obsédés de l’antisionisme cesseront leur litanie. je crains de ne jamais connaitre cette période.
Désolée mon petit papa d’avoir repris le nom que tu avais souhaité effacer dans les années 50. C’était pour moi une manière de te laver de tes humiliations. Je ne pensais pas qu’il faudrait sans cesse reprendre le combat contre l’infâme.
On ne pourra pas laver leur cerveau. On pourra juste faire deux choses: les empêcher d’étaler publiquement leur haine et tenter de transmettre aux jeunes qui trouvent tout cela très drôle la vérité historique sur les ravages de l’antisémitisme et du racisme. L’interdiction de propos racistes, certes contraire au principe de la liberté d’expression, peut peut-être permettre une forme de pédagogie.
Il y a quelques jours, je me suis immiscée dans une discussion entre jeunes sur Dieudonné. Ils avaient entre 25 et 30 ans, venaient d’Afrique, du Brésil, de Thailande, de la Jamaique. Ils condamnaient les propos antisémites de Dieudonné. Mais ils le trouvaient très drôle, s’élevaient contre l’atteinte à la liberté d’expression et insistaient surtout sur le « Deux poids, deux mesures » entre le traitement juridique et médiatique de l’antisémitisme et celui de l’Islamophobie par exemple. J’ai lu également dans Le Monde fr que certains jeunes estimaient qu’on leur parlait trop de la Shoah au lycée.
Il y a sans doute une part de vérité dans leurs propos. Trouver la bonne mesure en la matière n’est pas simple.Cela mériterait peut-être la constitution d’un « Comité Théodule » qui mesurerait la fréquence des enseignements sur les différents génocides dans l’Histoire de cette pauvre humanité.
En tout état de cause, à propos de la formule : »Deux poids, deux mesures », il me parait ABERRANT de comparer les caricatures anti-religieuses aux appels à la haine et à la mort. Les références à la Shoah ou aux chambres à gaz sont bel et bien des incitations au meurtre. L’athéisme et l’anticléricalisme qui l’accompagne parfois sont des prises de position légitimes qui n’appellent pas au crime contre les croyants.
Pierre Desproges, souvent cité ces derniers temps, en véritable humoriste, avait trouvé le moyen de ne pas exclure les juifs de ses textes sans en appeler au meurtre, comme en témoignent les citations qui suivent : « En un mot comme en cent, chers habitants hilares de ce monde cosmopolite, je répéterai inlassablement qu’il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un juif que de jouer au scrabble avec Klauss Barbie. » ou » on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. »
« L’Humanité passe par l’autre », Devise de la Cimade