J’ecoutais ce matin, Ilan Greilsammer, un politologue du Camp de la paix israélien et notre infatigable Leîla Shahid parler du conflit israélo-palestinien sur France-Inter.
Enième dialogue de sourds entre spécialistes qui n’ignorent rien des processus de Madrid, de Genève et autres échecs patentés des tentatives de médiations internationales.
Le discours de notre pacifiste peut se résumer ainsi : Israêl est un pays démocratique et a élu lors d’élections libres Netanyahu. Celui-ci s’est entouré de gens de droite et d’extrême droite pour parfaire une politique de colonisation de la Cisjordanie et résister à toutes les tentatives de médiation dont celle de John Kerry, qui n’a pas ménagé sa peine. Ilan Greilsammer l’accuse cependant d’être venu « se promener au Moyen Orient »
Le camp de la paix attend-il des Etats Unis qu’ils coupent les vivres à l’Etat d’Israêl ? Probablement pas.
On ne peut rien contre un vote démocratique continue notre pacifiste, donc on ne peut pas faire la paix tout seuls. Il faut donc qu’Américains et Européens la fassent à notre place !
Discours sidérant qui s’accompagne d’ailleurs de critiques systématiques de la politique américaine qu’elle soit interventionniste ou non.
Ou bien les Israéliens veulent la paix et acceptent la coexistence de deux Etats dans les frontières de 1967 et une indemnisation des réfugiés palestiniens, alors ils votent pour un gouvernement courageux qui arrêtera la colonisation et nouera des relations pacifiques avec ses voisins arabes qui le souhaitent. Les autres, dont le Hamas, s’ils persistent à vouloir la destruction d’Israël seront combattus avec fermeté avec toutes les horribles bavures que cela suppose. Là encore, aux Gazaouites de prendre leurs responsabilités.
Cette déclaration d’irresponsabilité qui peut se résumer ainsi : « on voudrait faire la paix, mais les Arabes sont méchants avec nous et on a peur », n’est pas digne de gens qui se disent démocrates et pétris d’idéal.
Carlo Strenger, Professeur de psychologie à l’Université de Tel-Aviv, dans un article intitulé : »Israël, les obstacles psychologiques à la paix », publié dans Ha’aretz et traduit par La Paix Maintenant, accuse le camp de la paix en Israël ( auquel il appartient) de n’avoir pas assez tenu compte de trois mécanismes universels qui structurent la psychologie des peuples : la peur de la perte, le besoin de forger le récit d’une identité positive et le besoin d’une idéologie (sioniste ?) qui les aide à affronter les dangers (réels) qui les menacent.
Cette analyse est juste pour tous les peuples et en particulier pour le peuple israélien. Mais elle ne doit pas servir de prétexte à l’immobilisme. La plupart des êtres humains connaissent la peur de la perte. Ca ne doit pas les empêcher de préférer la paix à la guerre, la justice à l’injustice.
Comme aimait à le répéter Pierre Mendès-France à la suite de Nahum Goldman : On fait la paix avec ses ennemis.