Je coule des jours tranquilles à Cabourg
Marcel P. écrivait que la situation du Grand Hôtel de Balbec sur la digue lui permettait enfin de sortir de chez lui sans craindre de tomber malade.
La mer nous entoure. Elle passe du bleu ciel, au vert puis au noir. Elle se confond parfois avec le ciel. Le soleil s’y couche en couleur
Cela ressemble au bonheur.
Heureusement, il y a les habitants estivaux de la résidence qui nous empêchent de prétendre à une béatitude stupide et ennuyeuse.Le coeur du conflit se focalise autour de la petite piscine chauffée.Elle aiguise les inimitiés entre les co-propriétaires et les locataires, voire les amis de ces derniers.
Untel habite-t-il notre résidence ? A-t-il le droit de pénétrer dans nos eaux territoriales et de s’y ébattre sans retenue ?
Les baigneurs s’observent. Ce môme qui trône sur une bouée géante et s’avance dangereusement vers mes brasses laborieuses, sans même me prêter attention, doit être un co-propriétaire en puissance. Cet autre perché sur un dauphin bleu de belle dimension n’est que locataire. En effet, sa mère le morigène et s’excuse auprès des vieilles dames qui font « leurs longueurs’ car c’est interdit par le règlement lui dit-elle.
Dans la résidence d’en face, quelques prolétaires à qui il ne reste que la mer regardent avec envie nos 40m2 d’eau chaude. « Il y en a en face qui viennent de temps en temps » me murmure en colère l’une des gardiennes co-propriétaire du temple.
Et puis chacun trouve ses marques, ses heures. La guerre de la piscine n’aura pas lieu, pas encore.
La propriété c’est le vol, la co-propriété c’est le vol en bande organisée.