Quand j’étais jeune, il y avait les génies littéraires, musicaux, les peintres incontournables.
Quand on aimait la musique atonale, le jazz et les chansons de Brel, on s’estimait très moderne et on était considéré avec un vague mépris par les tenants de la « Grande Culture », pour la plupart issus de la grande bourgeoisie.
Il y avait sûrement des créateurs dans l’ombre qui n’arrivaient pas à se montrer, à se faire éditer ou écouter.
Comment avoir le culot d’écrire après Flaubert, de peindre après Cézanne, de composer après Mozart !
Tout a explosé avec internet. On peut écrire, auto-éditer, faire connaître, montrer ses toiles, faire écouter sa musique
On a osé créer des sites, ou des blogs, écrire des romans, exposer ses tableaux, ses photos, ses poêmes.
C’est une révolution formidable. Sur ce point au moins le monde a changé.
Il y a juste un petit bémol : Cette révolution culturelle s’est accompagnée d’une explosion narcissique.
Chacun lit et relit SES écritures, contemple SES tableaux, écoute SA musique et n’a plus ni le courage, ni le temps de faire connaissance avec les créations de parfaits inconnus.
Les auteurs se consolent en pensant que peut-être un jour, quelqu’un dans le monde sera touché par sa création.