Sans doute Monsieur le Président, avez-vous menti lors de vos discours de campagne! Mais si vous ne l’aviez pas fait, ces mêmes Français qui vous vilipendent auraient-ils voté pour vous ?
Sans doute, n’aviez vous pas assez travaillé sur l’état de la France avant d’arriver au pouvoir. Vous n’êtes pas le premier.
Sans doute, le choix de Jean-Marc Ayrault était-il raisonnable, mais cet honnête homme n’est guère charismatique. Vous vouliez être un président normal et vous avez choisi un Premier ministre normal.La normalité n’est pas vendeuse, en particulier pour une presse qui pratique de plus en plus le lynchage médiatique.
Sans doute, n’avez-vous pas mesuré la gravité de la crise traversée par tous les pays occidentaux dans le cadre d’une mondialisation peu régulée. C’est une faute.
Sans doute, avez-vous été obligé de reculer sur certaines réformes de manière un peu lâche. Mais fallait-il laisser le désordre s’installer ?
Sans doute n’avez-vous pas présenté un programme pour la France, compréhensible, chronologique et tenant compte des urgences, ce que l’on appelait autrefois un Plan, « l’ardente obligation » selon De Gaulle.
A titre personnel, je vous en veux de ne pas avoir commencé par les réformes concernant les plus faibles : logements d’urgence, logements sociaux, Aide ciblée aux PME, TPE, celles qui embauchent, politique de formation et d’apprentissage qui ne soit pas une ènième usine à gaz, réforme de la loi Leonetti.
Mais tout cela n’a rien d’exceptionnel. On pourrait en dire autant de vos prédécesseurs de gauche comme de droite qui agissaient pourtant dans une conjoncture économique moins apparemment grave.
Alors pourquoi suscitez-vous tant de haine ?
J’avance des hypothèses dans le désordre : vous êtes un peu gros, vous manquez d’élégance, vous êtes un séducteur peu séduisant. Il parait que vous êtes autoritaire mais ça ne se voit pas, vous paraissez faible et vous refusez même parfois qu’un domestique de la République vous tienne un parapluie au-dessus de la tête. Vous êtes un homme blessé par vos échecs. On tire rarement sur les hommes forts. On les admire ou on les craint. Certains de vos ministres, que vous aviez conservés par souci de synthèse politique, vous ont traité par le mépris. Ils ne méritent aucun respect. En un mot vous n’êtes pas swag !
Quelques soient les raisons de cette haine, elle est pitoyable et stupide.
Le socialisme/communiste a connu une défaite historique. La social-démocratie que le PS aurait dû assumer depuis longtemps semble être la seule voie possible dans un monde où le capitalisme sauvage règne en maître.Peut-être un jour inventerons-nous un socialisme à visage humain. Ce n’est ni Mélenchon, ni Laurent, ni Besancenot (englués dans un gauchisme de dénonciation sans programme de gouvernement alternatif) qui l’inventeront.
Vous avez choisi la seule voie possible : tenir, continuer une politique qui tente de pousser les entreprises à investir, les syndicats à négocier. Vous vous heurtez à des rigidités qui plombent la société française depuis des décennies. Vous tentez de simplifier. Que faire d’autre que de tenter de faire repartir l’économie sans trop toucher à la protection sociale. Ces Français si haineux à votre égard, mesurent-ils les régressions qu’ils subiront sans doute quand la droite reviendra au pouvoir.
Cette haine me dégoute. Vous ne méritez ni excès d’honneur ni indignité.
Vous êtes à l’image du personnel politique, trop coupés de la vie réelle, bureaucrates, qui s’auto-désignent et s’enferment dans des partis où le « pouvoir » est interdit de fait à tous ceux qui s’éloignent un peu trop de ce portrait robot.
Cette vie politique n’est certes pas excitante. Comme disait le grand Churchill, » La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres ». La démocratie dispose d’une presse libre qui peut choisir d’insister sur les difficultés et les contradictions au lieu de dénoncer sans nuances. La démocratie permet aux citoyens que nous sommes d’essayer de faire preuve de dynamisme, d’inventivité, de propositions cohérentes.
Mais il est plus facile de taper sur un bouc émissaire, d’être dans la dénonciation simpliste, le repli, la défense étroite de ses intérêts.