Il y avait « Le mystère de la chambre jaune ».
Il y à Paris le mystère du « fond de l’autobus ».
Imaginez un autobus. Il y a un couloir, une petite place au milieu, un autre couloir, une marche et un espace au fond de l’autobus.
Ce dernier est rarement occupé même quand les nouveaux arrivants étouffent à l’entrée et qu’une voix douce enregistrée susurre : »Veuillez avancer au fond de l’autobus ».
Voila l’un de ces problèmes sans intérêt apparent dont je me plais à parler dans ce petit blog, malgré les remarques acerbes de certains de mes amis intellos de gauche qui après avoir jeté (forcés et contraints par mes relances) un coup d’oeil sur ce dernier déclarent : »C’est mignon mais tu pourrais élever le niveau ! »
Et bien justement, j’élève le niveau au dessus de la fameuse marche qui mène au fond de l’autobus.
Très souvent, lassée d’étouffer à l’avant, j’ai usé de ma petite taille pour m’avancer au fond de l’autobus et respirer enfin.
L’expérience est intéressante. Outre les regards curieux des passagers légèrement bousculés, il y a au fond les regards offusqués des ASSIS. Ils semblent dire : »La vieille veut nous piquer nos places mais on ne se laissera pas faire ». Le plus souvent, ils regardent fixement leurs pieds ou leur téléphone.
On est bien au fond de l’autobus. On y est le plus souvent seul à distance du passager qui s’est aventuré en bas de la fameuse marche mais n’a pas osé la franchir
Je ne suis pas la seule à le faire, heureusement, mais cette réticence me pose problème.
Y-a-t-il une définition légale du fond de l’autobus ? Est-ce que l’on transgresse une règle quand on s’y installe ?
Je rejoins là mon obsession : le fil ténu qui relie nos petits comportements quotidiens aux agissements étranges et parfois criminels des êtres humains.
Refuser d’aller au fond de l’autobus quand les derniers arrivés ne peuvent plus accéder à ce même autobus, n’est-ce pas faire preuve d’une forme de désintérêt pour autrui , qui dans ce cas est bénin, qui peut être criminel dans d’autres cas ?