A droite et à l’extrême droite, elle est au centre des débats.
A gauche et à l’extrême gauche, on aborde le sujet avec timidité, de peur de ne pas être politiquement corrects.
Ce silence est une grave faute politique qui favorise la montée de l’extrême droite et de la xénophobie.
1 – Remettre les chiffres dans leur contexte mondial :
– Les réfugiés : Environ 50 millions de personnes sont déplacées contre leur gré aujourd’hui sur notre planète. La moitié sont des enfants. 86% de ces réfugiés vivent dans des pays en voie de développement. 14% tentent leur chance dans les pays développés.
Environ 400000 personnes ont demandé l’asile dans les 28 Etats membres de l’UE. Parmi eux, 123000 l’ont demandé en Allemagne, 60000 en France et 60000 en Suède. En Europe le taux de rejet des demandes d’asile est d’environ 66%. Il est de 83% en France Chaque année la France accepte environ 10000 réfugiés sur son territoire alors que plusieurs millions de Syriens, Erythreens, Soudanais, Irakiens, Congolais, Nigerians… sont chassés de leurs pays par des guerres et des massacres inter-religieux, interethniques etc
– Les immigrés en situation régulière en France
– Selon l’INSEE, les immigrés sont des personnes nées étrangères à l’étranger et venues s’installer en France. Ils sont 5600000 en France dont 2300000 sont français (soit 41%) et 3300000 étrangers (soit 59%). Leur histoire a été marquée par les migrations.
Sur ces 5600000 immigrés, 3900000 vivent en France depuis au moins une décennie.
Le pourcentage d’immigrés en France est passé d’environ 2% en 1911 à 9% en 2012.
Au total un cinquième de la population française est soit née à l’étranger, soit née ‘au moins d’un parent étranger.
– Les étrangers en situation irrégulière en France
: ils seraient entre 200000 et 400000. Déboutés du droit d’asile dans l’impossibilité de rentrer dans leur pays, immigrés économiques, femmes fuyant les violences.35000 d’entre eux ont été régularisés en 2013, pour des raisons familiales majoritairement. Les régularisations au titre du travail n’ont concerné que 2000 personnes.
Ces étrangers posent-ils des problèmes réels :
Les chiffres ne montrent aucun « envahissement » de la France. Par contre la concentration de populations étrangères ou d’origine étrangère, souvent pauvres, dont une partie minime mais visible tombe dans la délinquance pose un vrai problème qu’il faut nommer et tenter de résoudre, non pas par l’assimilation mais par plus d’intégration à la société française.
Cette intégration-qui ne doit pas nier la culture d’origine- peut prendre du temps. Les Polonais, les Italiens et les Espagnols, qui ont migré dans la première moitié du XX° siècle sont-ils considérés comme français par les militants frontistes ?
Ces immigrés ont-ils un coût ? D’une part, ils alimentent le travail au noir, ce qui constitue un cout indirect pour le pays mais un revenu direct pour les patrons qui les emploient.
Ils bénéficient en outre de l’Aide médicale d’Etat qui leur permet de se faire soigner et d’avoir des médicaments sans frais.L’AME évite les épidémies ou l’aggravation de certaines maladies.
A ces problèmes réels, on peut ajouter des problèmes secondaires comme la gêne causée notamment par l’habillement et la nourriture de certains musulmans (qui ne sont pas tous Arabes) . Pour être secondaires, ils n’en sont pas moins existants.
A moins de construire des murs autour de la France, on voit mal comment empêcher les arrivées de migrants prêts à mourir pour fuir des situations dramatiques d’ordre économique ou politique. Il faut donc gérer ces problèmes. Il faut en parler. Ils doivent faire l’objet de politiques nationales, européenne et mondiale.
Mais qui a la solution pour empêcher la guerre en Syrie ou au Soudan ou la dictature meurtrière en Erythrée par exemple ?
S’il faut tenter d’agir dans les pays de départ avec probablement peu de succès, l’action la plus importante est à faire dans nos pays. Elle est d’ordre psychologique, comme par exemple se mettre à la place de ces errants qui n’ont qu’une vie, comme nous, et veulent la vivre le moins mal possible et les accueillir sur des bases juridiques claires et égales pour tous. Tenter d’avoir une politique migratoire européenne qui permette de répartir ces hommes et ces femmes entre les pays européens, en fonction de leur langue, de leurs qualifications. Il faut aussi probablement que des associations d’immigrés se créent dans les pays d’origine et dans nos pays pour prévenir ces migrants de ce qui les attend ou ne les attend pas en Europe. Tout n’est pas de la responsabilité des pays d’accueil.
« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais elle peut en prendre sa part » avait dit courageusement Michel Rocard. Tous ceux qui le lui reprochent sans présenter de solutions viables pour accueillir correctement les immigrés aident à la montée de l’extrême droite, de la xénophobie, voire du fascisme.
Qui peut ignorer cette caractéristique fondamentale de la condition humaine : le refus de celui qui est Autre, à priori, sa constitution en bouc émissaire. On ne combat pas cette dérive par des mots mais par des actes et des politiques cohérentes et planifiées.
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