Un certain Monsieur Calame anthropologue de son état, éructe dans le Monde fr de ce jour : « Dénonçons le crime contre l’humanité commis contre les migrants. »
S’il s’agit de redonner des moyens à l’organisation de sauvetages en Méditerranée, on ne peut qu’être d’accord.
J’ai écrit dans un article récent de ce blog que l’absence de politique migratoire européenne est aberrante. La timidité de la gauche française à cet égard est stupide et peut avoir des conséquences dramatiques pour les migrants mais aussi pour la démocratie. La montée de l’extrême droite dont l’essentiel du programme est le rejet des « immigrés » le démontre amplement.
Mais passer d’un silence peureux à la dénonciation de crimes contre l’Humanité européens est absurde.
L’Italie et la Grèce, aidées par des ONG sauvent des migrants quand ils le peuvent. Ils ne les sauvent pas tous. Est-ce là une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques , raciaux ou religieux. »
Certes, l’Europe peut mieux faire .Certes la France peut, à Calais notamment mais pas seulement, accueillir les migrants de manière plus respectueuse et plus humaine.
Mais qui commet des crimes contre l’humanité ? Les gouvernements syriens, érythréens, certaines factions en Somalie ou au Soudan, les passeurs notamment en Libye, mais aussi certains migrants qui jettent à la mer des compagnons d’infortune chrétiens, mais aussi certains gouvernements corrompus en Afrique noire qui empêchent une majorité de leurs ressortissants d’avoir une vie digne, mais aussi L’EI ou Boko Haram…Il s’agit bien dans leurs cas de « meurtres, réduction en esclavage, transfert de populations, torture, viols, esclavage sexuel, commis dans le cadre d’une attaque généralisée lancée contre toute population civile. » C’est la définition des crimes contre l’Humanité contenue dans l’article 7 du Statut de Rome.
Ce sont ceux qui commettent ces crimes qu’il s’agit de dénoncer.
L’Europe commet-elle ces crimes contre les migrants ? Non. L’énoncer c’est tenir un discours tiers-mondiste stérile et participer de l’apathie générale en matière d’amélioration ( réformiste) du sort des migrants dans les différents pays européens et notamment en France.
Tout discours excessif, toute parole non contradictoire sur des sujets aussi graves est une forme de crime contre la lucidité, au nom d’une idée simpliste : quoiqu’il fasse, l’Occident a tort.
Certains vont plus loin : ils élaborent des théories du complot pour conforter cette idée unique et centrale: l’Occident, Etats-Unis en tête est mauvais et les Autres sont gentils et forcément non exploiteurs de leur propre peuple !