Elle commence par un accompagnement d’une jeune femme migrante en préfecture à Paris. On a dû oublier de dire au personnel qu’il fallait être accueillant ou si on leur a dit, ils ont oublié ou ils ont pensé que c’était seulement avec les Syriens.
C’est l’après-midi. Nous avons rendez-vous. Il est 13h30. Comme le personnel n’est pas encore arrivé et que je suis fatiguée, je m’assois sur le seul spot disponible, le côté du Monument aux morts.Une jeune femme passe et n’ayant cure de mes cheveux blancs, me demande de me déplacer. C’est choquant dit-elle. Vers 14h, le personnel-dont cette jeune femme fait partie- commence à arriver. Assises à l’intérieur,seules, nous entendons les employées bavarder et rire derrière le mur du fond. 14h45. Nous sommes appelées. La jeune femme vient probablement d’arriver de nulle part car elle semble ne pas connaitre le ba-ba du droit des étrangers. Ses deux voisines viennent l’épauler en nous regardant de travers. Sur le tout petit espace dévolu aux « sans-papiers » pour poser leurs innombrables preuves d’existence, la dame tente de sortir le bon papier au moment où notre apprentie guichetière chaperonnée par les deux autres qui lui donnent des ordres contradictoires, le lui demande. Certains de ces précieux papiers tombent par terre. Je les ramasse. Au moins, j’aurais servi à quelque chose dans ma vie. Vers 15h, on nous dit que La Chef de Bureau va étudier le cas qui n’est pas clair… Après tout, cette dame a travaillé depuis plus de cinq ans, produit les fiches de paye et un contrat de travail. C’est louche, non ?
Nous allons nous réinstaller dans la salle d’attente. Nous discutons sur la France/Afrique. Vers 15h30, on nous appelle. La Chef a décidé d’étudier ce dossier de plus près. Elle ne remettra plus de récépissé à la dame. Nous aurons la réponse dans un mois…dans un an ? Je demande à voir la Chef. Impossible me dit la jeune apprentie qui a pris de l’assurance. »
Le Code des étrangers exige de remettre un récépissé à chaque dépôt de dossier » dis-je. Elle nous demande de dégager. Après Quatre ans de situation régulière en France, la guerre dans son pays, l’horreur,la dame sourit et dit : « C’est une nouvelle période de ma vie qui commence, je n’ai plus d’existence légale! »
Bon, pour me distraire, je décide de faire un peu de shopping.
Je vais au BHV pour acheter un cendrier. J’erre pendant de longues minutes. Je finis par demander à un jeune vendeur qui me répond avec mépris : »Madame, nous ne faisons pas ce genre d’articles » Quelque chose m’a sans doute échappé. Il doit y avoir une nouvelle loi avec ses décrets d’application qui interdit de fumer chez soi!
Je décide d’essayer des bottes. C’est une expérience annuelle qui aboutit depuis vingt ans au moins à un échec ou à un achat inutile.
J’expose mon problème au vendeur à savoir que je n’arrive jamais à fermer la fermeture éclair qui bloque sur mon mollet certes rond mais pas tant que ça. J’en essaye plein…qui bloquent toutes au mollet. Le vendeur pas du tout contrit me dit qu’il ne peut vraiment rien faire pour mon cas ! Je me demande si je suis la seule à avoir ce problème. Mais comme il n’y a pas de commentaires sur ce blog, je ne le saurai pas.
Je prends le métro. J’ai mal partout. Ma sciatique s’est réveillée. Personne ne se lève. Mes copines me rassurent en me disant que je fais jeune, mais je ne les crois pas.
Comment ai-je pu croire un instant qu’avec tant de grossièreté et de bêtise, on pourrait un jour construire une société plus juste?