Il n’est pas nouveau.
Il est incroyablement identique à celui que nous avons connu enfants, à celui qu’ont connu nos parents.
Mon père me disait dans les années 50 : » l’antisémitisme ne disparaitra jamais. C’est pour cela que j’ai voulu que nous changions de nom. »
Je détestais ce pessimisme, ce fatalisme.
Pour la jeune fille que j’étais, La Shoah avait fait comprendre au monde la monstruosité de l’antisémitisme.
N’exagérons rien. nous n’en sommes pas là.
Mais l’antisémitisme notamment de la part de certains arabo-musulmans est là et bien là.
Et nous sommes démunis, comme nous l’étions dans les années 40.
Nous ne pouvons qu’assister impuissants à ce renouveau, nous habituer aux écoles juives gardées par des militaires surarmés et pour ceux d’entre nous qui sont agnostiques, laïques, non sionistes, découvrir des lieux juifs que nous ignorions grâce à la présence des soldats.
Il y a plusieurs attitudes face à la résurgence de ce phénomène :
1- Partir dans un pays sûr (?), Israël et se retrouver parmi les siens(!)
2 – Minimiser le phénomène et ne rien changer. ça leur passera
3 – Se retrancher dans la chaleur de la communauté et se plaindre
4 – Se planquer: qui pourrait imaginer que Régine Dhoquois est juivei
J’ai choisi , sans minimiser le phénomène toujours aussi incompréhensible à mes yeux, de ne rien changer, de croire que l’intelligence humaine finira par triompher, de continuer à affirmer ma judéité de naissance, mon agnosticisme, ma croyance en la laïcité, de refuser le communautarisme, d’espérer qu’il y aura un jour deux Etats pacifiques en Palestine.
J’ai choisi d’aimer ce rabbin de Chagall, même si je ne parviens même pas à lire La Genèse, parce qu’il est comme un papa bienveillant qui veille sur moi.
Femme féministe et juive, je continuerai à aider les migrants à la CIMADE, d’où qu’ils viennent.
Mais quand même, j’en ai gros sur le coeur. et j’aurais aimé avant de quitter ce monde avoir la réponse à cette question : pourquoi les juifs et plus généralement, pourquoi le racisme?