Avant de clôturer cette mini-série sur la vieillesse, je vais vous raconter une anecdote qui illustre bien les contradictions entre « être vieux » et « être regardé comme un vieux ».
L’autobus est comble même pour une fois jusqu’au fond. Je me suis réfugiée auprès d’une dame assise sur un strapontin.
Une vieille dame monte. Elle est munie de deux cannes de randonnée. Elle porte fièrement une casquette sur ses cheveux blancs.
Une jeune femme lui propose sa place. Elle se retourne vers elle, furieuse et éructe : « Non merci, j’étais contente parce qu’aujourd’hui, personne encore ne m’avait cédé sa place. Vous fichez tout en l’air, » termine -t-elle, sans sourire,en s’adressant à la jeune femme compatissante.
La foule s’émeut, sourit, ou regarde ailleurs.
Ma voisine sur le strapontin commence à se plaindre des problèmes de sièges dans les transports en commun. C’est vrai que chez les vieux, il y a autant d’emmerdeurs que chez les moins vieux !
C’est alors qu’un homme s’approche de nous deux et déclare avec une certaine agressivité : « De quoi vous plaignez-vous ? Au moins vous , vous avez une retraite. » Certains dans l’autobus approuvent. La plupart regardent fixement leur téléphone portable.
Aux luttes ancestrales, lutte des classes, lutte des sexes, luttes identitaires, faut-il ajouter la lutte des âges de la vie ?
Comment fait-on pour ne pas se perdre dans les contradictions ?