J’avais lancé un appel à mes ami(e)s. Guy et a.b. y ont répondu de la plus belle manière. Merci à eux
Une amie m’a dit qu’à 74 ans, elle ne se concevait pas comme appartenant à cette catégorie. Bravo.
Les autres n’ont pas répondu.
« La vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit » affirmait Simone de Beauvoir avant d’inviter ses lecteurs à l’aider dans sa recherche.
Dans son livre, paru en 1970, elle tente une analyse marxiste du traitement social de la vieillesse : » C’est l’exploitation des travailleurs, c’est l’atomisation de la société, c’est la misère d’une culture réservée à un mandarinat qui aboutissent à ces vieillesses déshumanisées »dit-elle dans son introduction.
Cette approche n’est pas fausse mais elle est partielle. La responsabilité du système economico-social n’exclut pas celle des êtres humains. Le racisme anti-vieux est à l’image des autres racismes, irrationnel et potentiellement « meurtrier ». Nous avons tous détesté l’idée de la vieillesse (sauf peut-être dans l’image des grand-parents) qui s’accompagne de la dégénérescence du corps, de la disparition du désir, de la présence de la mort. Nous avons tous eu peur. Ce qui nous différencie des animaux est entre autres la lutte contre nos pulsions primaires.
Je ne demande pas à être aimée. Je demande à être traitée comme un être humain ordinaire, avec respect et politesse. je suis plus indifférente que sage, mais je garde intacte ma colère contre les injustices et la bêtise, et je progresse dans l’acceptation tranquille de la non-reconnaissance sociale. Je me sens presque apaisée.
Je n’ai qu’une seule exigence : décider du moment de ma mort, avaler mon penthotal (que je n’ai pas encore) tranquillement et partir dignement, sans ennuyer mes proches, sans peser sur le budget de la sécurité sociale.
En attendant, j’essaye d’apporter à mes visiteurs migrants à la Cimade la gentillesse, l’hospitalité, la compétence dont ils ont besoin
A bientôt pour de nouveaux épisodes…