Plus haut dans ce blog, j’ai évoqué la nécessité de trouver des compromis dès le plus petit groupe humain, en l’occurrence le couple.
J’ai également rappelé mon « concept phare » (!), le Fil ténu qui relie nos comportements individuels à des situations collectives parfois harmonieuses, parfois tragiques.
Mais il ne faut pas attribuer le qualificatif de tragique à n’importe quelle situation:
Prenez une féministe historique mariée depuis plus de 50 ans à un intellectuel de gauche. Ils s’apprêtent à fêter l’anniversaire de leur mariage. Il ont acheté un grand plateau de fruits de mer.
Il est l’heure de se mettre à table. Monsieur est assis sur son fauteuil autour de la table et déclare avec satisfaction que tout est prêt.
La féministe (que je suis) fait un bilan rapide de la situation ; la table est entièrement occupée par un énorme bouquet de fleurs, un ordinateur, un classeur, des paquets de bonbons, cigarettes…, un cendrier, des magazines… et pas de raton laveur. Le plateau mesurant à peu près 25 cm de diamètre n’a aucune chance de se glisser au milieu de ce bordel.
J’hésite entre l’étranglement, la gueulante, la pédagogie ou l’action. Je choisis cette dernière sous les yeux de chien battu de l’allergique qui hésite entre l’excuse, l’engueulade et l’aide. Il tend vaguement les mains dans ma direction, des mains émouvantes, un peu tremblantes, prêtes à servir mais à quoi ? (se demande-t-il )
« Tu me demandes si tu veux que je fasse quelque chose », affirme-t-il.
« Peux-tu apporter un récipient pour mettre les coques »
Il se lève, se plante face au meuble de 50 cm de haut qui nous sert de placard à vaisselle…et son dos réfléchit avec ferveur.
Alors je choisis d’éclater de rire, un rire un peu moqueur mais gentil, un rire libérateur.
Ce n’est plus un compromis, c’est Waterloo. Mais une défaite pas grave, rigolote avec des solutions :manger peu, des plats tout prêts et surtout …en rire.Le rire partagé fait partie de la négociation et du dialogue.