15 juillet 2016 (le lendemain de l’attentat de Nice) :
-« Il fait beau et chaud, enfin!. Vous allez bien ? »
– » Comme on peut aller bien après ce qui s’est passé… »
– » Bon, profitez-en bien, bonne baignade. »
Je guette les conversations sur la Promenade Marcel Proust : on y parle de la belle-mère chiante, du chien du voisin…
Quelques jours plus tard, je vais au centre ville voir s’il y a une minute de silence.
Devant la mairie, une trentaine de personnes sous la houlette du Maire chantent La Marseillaise, pendant que des milliers d’autres batifolent devant les soldes, dans les bistrots et se réjouissent du beau temps.
Le 22 juillet : Rassemblement sur le parking public situé devant notre résidence. Depuis deux jours, le parking est réservé aux équipes du Festival de musique, « Cabourg mon amour ». Devant la colère des résidents Monsieur le Maire est venu s’expliquer sur cette atteinte insupportable à la liberté des citoyens propriétaires. Nous sommes aussi nombreux que devant la mairie. La colère gronde. Les émotions se déversent, les coeurs s’ouvrent :
– » C’est un scandale de nous priver de notre parking au profit de gens qui ne payent même pas d’impôts à Cabourg! (les intermittents du spectacle,ndt »)
– » Pourquoi, c’est toujours les gens du bout de la digue qui doivent toujours payer pour les autres! »
– » Pour faire plaisir aux jeunes, vous faites de la démagogie Monsieur le maire et c’est cela que les Français ne supportent plus! »
– » Il faut supprimer le panneau « Plage » à l’entrée de l’avenue pour que les gens (les pauvres et les non-propriétaires entre autres, ndt) ne puissent plus venir »
– » Pourquoi les autocars amènent-ils des gens (des pauvres ou des vieux ou des handicapés, lors de la journée organisée par le secours populaire pour les gens qui ne partent pas en vacances,ndt) précisément au bout de la digue, sur notre plage? »
Inventaire des émotions : frustrations, jalousie ( à l’égard des « privilégiés » qui vivent près du Grand Hôtel), nombrilisme, Propriétarisme ( concept forgé pour l’occasion qui porte notamment sur le rejet des « Autres », les « non propriétaires » notamment, et sur la volonté de s’approprier en passant le domaine public)…
En ce qui me concerne : nausée, haine, envie de tuer, lâcheté, volonté inconsciente de ne pas se démarquer de ces imbéciles ridicules mais cependant…voisins
Faire de la politique dans ces conditions ne relèverait-il pas d’une forme d’héroisme ou d’autisme ?