Oeuvre de Raymonde Arcier, artiste et féministe, exposée à la Maison Rouge en 2017
Comme d’habitude, je vais parler de petites choses pour illustrer les « grandes causes ».
Une amie qui a la cinquantaine me raconte avec émotion les humiliations auxquelles elle doit faire face en tant que femme célibataire et sans enfant. Remarques sur ses cheveux (pas assez teints), son absence de maquillage, ses rides etc… Ces insultes proviennent pour l’essentiel d’hommes.
Une autre qui a dépassé les 70 ans a passé une partie de sa vie à chercher un compagnon et n’a subi que des blessures favorisées par son absence de confiance en elle.
Bien sûr des hommes ont été mortifiés par des femmes, mais je parle ici des femmes. Être une femme seule et sans enfant n’est pas socialement reçu dans la plupart des sociétés humaines.
Il ne peut y avoir qu’anguille sous roche : moche, emmerdeuse, trop vieille, trop grosse, trop maigre, trop, trop…pas assez apprêtée pour plaire..
Ces femmes font souvent des métiers passionnants, font preuve de finesse, de chaleur, d’intelligence. Mais l’absence » d’accessoires « (hommes ou enfants) les rend en quelque sorte impropres à la consommation masculine- y compris amicale-à partir d’un certain âge.
En plus, parfois, de souffrir de leur solitude, elles doivent encore se la voir reprochée, par les hommes avec parfois la complicité des femmes. (Essayez d’aller diner seule au restaurant le soir et observez le regard presque apeuré des femmes nanties d’un mâle)
On peut très bien vivre sans un MARI, sans enfants, avec ou sans amants ou maitresses. On peut avoir une vie sociale passionnante. En tout état de cause, c’est aux femmes de décider de leur vie, de leur apparence.
Et puis il y a les femmes pauvres, celles qui n’ont rien, viennent de pays lointains et font des enfants avec le premier venu pour avoir l’impression d’exister aux yeux de leur famille, de leur « communauté ». L’enfant devient un instrument d’une éventuelle intégration sociale.
Des femmes se sont battues pour avoir le droit de vote, le droit de travailler, le droit d’avoir des enfants quand elles le désirent …
Mais elles doivent continuer à lutter contre les préjugés, contre certains hommes qui osent les juger, contre des sociétés qui ne leur reconnaissent la qualité d’être humain que si elles ont un mari et au moins un enfant.
Outre les combats immenses à mener dans certains pays pour la simple égalité, il nous reste à mener ce combat pour notre droit à choisir notre vie, notre droit à ne pas trouver notre prince charmant, notre droit à ne pas souhaiter ajouter des enfants aux sept milliards d’habitants de la planète.
Certes, les choses évoluent petit à petit mais on n’ a qu’une vie. Ces femmes que je viens d’évoquer souvent joyeuses, ne doivent plus être la cible d’avanies ou de mépris qui leur gâchent la vie.
Une réforme ? Non, une révolution .