Notre ministre ne donne pas dans la nuance. Je l’invite à venir à une permanence d’une association d’aide aux migrants pour qu’il affine son analyse et notamment la différence entre réfugiés et migrants économiques. Voici quatre exemples rencontrés dans une permanence de la CIMADE :
– Mme A : Mariée à un Français, venue au titre du regroupement familial à la demande de son mari. Arrivée en France, Monsieur ne lui donne pas d’argent, l’empêche de sortir, disparait sans explications pendant des jours, la suit partout dans l’appartement … Après des mois de ce harcèlement, elle quitte le domicile conjugal, demande le divorce et est hébergée dans une structure pour femmes battues.
En vertu de l’accord passé entre son pays d’origine et la France, les violences contre un conjoint ne permettent pas un renouvellement de la carte de séjour. Sachant que cette femme avait un travail dans son pays, a tout quitté pour se marier et avoir des enfants et qu’un retour est impossible pour elle, que doit-on faire ? : Migrante économique ou réfugiée ?
– Mme R. : Mme R a fui son pays à cause d’un mari très violent (elle en porte encore les traces) , dont elle voulait se séparer mais qui la menaçait de mort ainsi que leurs trois enfants si elle mettait son projet à exécution . Ses enfants réfugiés chez sa mère ayant été menacés par la famille du mari, elle les a fait venir également. Elle n’est là que depuis huit mois et il n’y a aucun moyen de la régulariser. Migrante économique ou réfugiée ?
– Mr K. : Après avoir quitté un pays du Maghreb avec ses frères pour l’Italie, il arrive seul en France vers l’âge de dix ans dans les années 80. Non repéré par l’ASE (Aide sociale à l’enfance), il survit grâce à la délinquance, fait plusieurs années de prison puis s’en sort grâce à une jeune femme française. Ils ont un enfant de 18 mois. Mr K n’a pas de nationalité. Son avocate fait des demandes aux trois consulats du Maghreb. Aucun ne le reconnait comme son citoyen. Il a commencé une vie normale. Il voudrait travailler, avoir des papiers. Impossible répond l’OFPRA qui statue négativement sur sa demande de statut d’apatridie, suivi par les tribunaux. Réfugié ou migrant économique ?
Il ne s’agit que de quelques exemples parmi des centaines de ce genre par an.
Alors, Monsieur Collomb, on fait quoi ?