» Mais mon corps à moi me défend de danser, me gêne quand je marche, se met en boule quand je travaille, interrompt parfois le désir. Faire les choses, oui, mais à mon corps défendant…La peur de son propre corps. Un corps étranger…Ce lieu obscur où se passent tant de choses qui vous dépassent…un corps objet coupé de son propre vécu, vécu toujours sur le mode passif. Être femme, c’est s’attacher le désir de l’homme grâce à ce qui n’est pas soi…Rendre la parole au corps, à mon corps, le reconnaître comme désirant. » (Jeanne Isabel, Les Cahiers du GRIF : »Ceci (n)’est (pas) mon corps », Juin 1974.
« On attendait toujours quelque chose de très précis de moi et je ne savais pas quoi…Je n’ai compris qu’après des années : ce qu’il voulait, ce n’était pas moi, c’était son schéma, une femme. Il ne fallait pas que je dérange le schéma. » ( Anonyme, Le livre de l’oppression des femmes, Belfond, 1972)
» La mode ne met pas en valeur le corps réel des femmes: elle les contraint au contraire en les confrontant au corps inexistant d’une femme, de La femme…on dicte à la femme ce qu’elle doit être, ce qu’elle devrait être pour satisfaire à l’exigence de l’Autre (un homme, les hommes ou la société. » (Françoise Colin, Les Cahiers du GRIF, 1974)
Votre libération sexuelle n’est pas la notre : » A lire cette presse « libérée », les femmes ressentent un décalage, un détournement de leur discours. La sexualité libre y apparait surtout libérée de tout sentiment. Le refus absolu de toute censure libère l’expression incontrôlée de toutes les ambiguités…Ainsi est raciste toute femme qui refuse de faire l’amour avec un arabe..Les femmes se sentent niées, instrumentalisées. » (Françoise Picq, années 70)
» Affirmer son désir, quitter le miroir, dépasser (et non pas inverser) le rapport de domination. L’homme doit devenir lui aussi objet de désir et pas seulement sujet. Cette évolution ne sera possible que si les femmes se dégagent de la tyrannie du regard de l’autre à travers le désir et la jouissance de soi, à travers le désir et la jouissance du monde. » (Cahiers du GRIF, 1974)
Toutes ces citations datent de près de 50 ans.
« Un pas en avant, deux pas en arrière », disions-nous dans les manifs du MLF !
Les mouvements de dénonciation actuels vont dans le bon sens.
Mais que de chemin à parcourir encore !
«