1- Du militantisme : Première contradiction : Dans un article d’Alternatives-Economiques de 2015, il est reproché aux Associations qui s’occupent des sans-papiers d’être des sous-traitants des préfectures qui préparent bénévolement les dossiers des migrants dans le respect de la loi même la plus répressive.
Et en effet c’est ce que nous faisons -si on estime que tout le travail militant en amont (rencontres avec les préfectures, sensibilisation, manifs etc)- n’est pas visible-
Ce type d’analyse est typique d’un raisonnement ancien qui opposait les marxisants aux libéraux : Pour les marxisants, le capitalisme étant à la racine des injustices sociales, il n’y avait qu’une seule solution, la révolution et la suppression du capitalisme.
Les révolutions de type soviétique ont piètrement échoué pour diverses raisons. Entre autres en croyant supprimer le despotisme du mode de production (asiatique) ancien, ils n’ont fait que le remplacer par un autre despotisme.
Le travail des bénévoles d’associations d’aide aux plus démunis se trouve pris dans une contradiction : s’ils envoient les personnes dans les administrations avec des dossiers qui ne correspondent pas aux lois en vigueur, elles se retrouveront inévitablement renvoyées.
Est-ce le but poursuivi ? Faut-il renoncer à en sauver certains au prétexte que l’on ne sauve pas tout le monde ?
Notre mission est d’utiliser les quelques ouvertures que nous offrent les textes de loi pour tenter de contourner un peu le droit, et au minimum d’aider les gens à utiliser le droit existant le mieux possible.
Imaginer une société démocratique sans Droit, donc sans limitations aux droits, relève d’une utopie potentiellement meurtrière.
Il y a des situations historiques où il faut désobéir aux ordres et aux lois iniques : ce moment est-il arrivé ?
2 – De la bureaucratie: Deuxième contradiction :
Les associations en question devraient par contre être des modèles de démocratie. Force est de constater que la quête du pouvoir (aussi merdique soit-il) est toujours présente dans ces structures, même au niveau le plus bas. Une permanence qui fonctionnait très bien sans bureaucratie se voit peu à peu coiffée d’un bureau, seul décisionnaire, le plus souvent composé de…bureaucrates nés.
Conclusion : On peut tenir des discours gauchistes tout en aimant la bureaucratie !!! Ce n’est pas la moindre des contradictions !