– Allo Irène . Tu m’avais appelée hier, je n’étais pas disponible, je te rappelle aujourd’hui, comme convenu.
– C’est que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de toi, je voulais savoir comment tu allais.
– Hé bien hier, justement, je n’étais pas disponible parce que j’étais à l’hôpital, avec ma fille qui est rarement à Paris, mais qui était justement là en ce moment, quelques jours.
– je comprends que je suis mal tombée ! Mais que faisais-tu à l’hôpital ?
– j’ai passé une coloscopie, tout va bien, tout au moins pour l’instant. Je vais avoir le résultat d’une biopsie dans une semaine.
– Ah… ; Moi, j’ai aussi des problèmes, des problèmes de vessie. Mais cela fait tellement de temps, cela me ferait plaisir qu’on se voit, quand tu es à Paris.
– Quand je suis à Paris, j’ai pas mal de choses à faire, ma maison à ranger, aller voir ma sœur qui est dans un EHPAD, des RV médicaux. Je me fatigue vite, j’essaie de limiter les occupations, j’ai besoin de beaucoup me reposer.
Mais, si tu veux, on peut se téléphoner. Comme en ce moment.
– Où en est ton livre ?
– Il va bientôt sortir. Je suis bien contente d’avoir réussi à aller jusqu’au bout.
– En effet, bravo ! Et notre groupe féministe ? Vous vous voyez ? Il y aurait eu des réunions ?
– Non, mais trois d’entre nous, avec une autre, nous avons écrit un texte que nous avons fait circuler et signer et qui est paru dans Libération
– Je ne lis plus Libération, ni Le Monde, c’est en trop petits caractères.
– Il s’agissait d’un appel à une loi permettant le suicide assisté : choisir sa vie, choisir sa mort.
– oh ! Je n’en suis pas là, je suis encore très active. Même si mes enfants – qui sont très bien, mon fils est venu avec moi quand je suis entrée à la clinique, ma fille quand je suis sortie – ne veulent plus que je fasse de longs voyages. Tu te rends compte ! Et comme ma fille est médecin, je suis obligée de l’écouter.
– Je m’intéresse beaucoup actuellement à la vieillesse, et même au grand âge. Car je suis dedans. Je vis dans une résidence à services, où il y a principalement des personnes âgées, et ma sœur aînée est en EHPAD
– quelle horreur ! Je ne veux pas penser à cela. Bien sûr, je tiens à une certaine qualité de vie, et je serais prête à vivre moins longtemps pour cela, mais ce n’est pas mon problème actuellement. Cela m’angoisse.
– tu m’avais demandé ce que je devenais….
JF est une amie de mon âge, féministe de la première heure (et de la deuxième vague). Nos échanges (pas seulement sur la vieillesse) sont souvent très riches et notre complicité apaisante.