Il y a toujours eu et il y aura encore de bonnes causes qu’il faut défendre : La lutte contre le racisme,contre les violence faites aux femmes, contre l’impérialisme et ses conséquences sociales etc…
Mais parfois, ces luttes pleines de bons sentiments risquent de se retourner contre ce qu’elles prétendent combattre.
Dans le cas des femmes, par exemple, attention à une forme d’assignation à la victimisation. La vie est un combat, un apprentissage du refus d’obéissance.
Sur le thème du communautarisme noir (Au secours, Faut-il mettre un N majuscule à noir.???), Jean Pascal Zadi et John Wax ont réalisé un petit bijou cinématographique, drôle, percutant, fin. Le titre résume l’idée du film : Le fait d’avoir une caractéristique ne nous enferme en aucun cas dans un carcan identitaire.
Je parle en connaissance de cause : je suis née juive en 1940 . C’est une particularité historique qui m’a en partie construite. Pendant des périodes de ma vie, celles où je me sentais peu reconnue, il m’est arrivé de dire (et il m’arrive encore) « Nous les Juifs ». Les juifs (et les tziganes et les homosexuels et les handicapés etc) de ma génération, ont été plongés dans un cauchemar historique qui nous a en partie constitués. Mais depuis, nous avons vécu, grandi, réfléchi, connu d’autres combats et nous avons construit notre personnalité propre, unique (même si elle n’est pas passionnante!).
Tout groupe refermé sur lui même porte en lui un risque de négation des autres groupes mais aussi des membres de son groupe qui ne sont pas d’accord avec la majorité.
Alors, oui, il faut lutter contre les violences faites aux femmes mais sans oublier la présomption d’innocence( Le juge doit tenir compte du consentement par exemple et cela demande une enquête). Il faut lutter contre tous les racismes mais sans ignorer qu’il y a des salauds de toutes les couleurs, de toutes les religions, de tous les sexes.
L’Universalisme ne va pas sans reconnaissance de la différence entre les êtres humains.Il ne nie pas non plus l’Histoire avec sa chronologie, ses luttes . Il n’oublie pas les guerres coloniales mais il n’oublie pas non plus les résistants ou ceux qui y ont été entrainés malgré eux.
Qui peut affirmer qu’il ou qu’elle aurait eu le courage de dire Non à telle ou telle injonction officielle potentiellement létale ?
En songeant à la difficulté de prendre en compte les contradictions, surtout quand elles heurtent nos narcissismes, j’ai soudain été frappée par cette affiche qui accompagne les promeneurs à Cabourg le long de la mer : Proust masqué, empêché.(Covid oblige)
Proust n’écrit que sur une certaine société aristocratique, bourgeoise, blanche. Il est homosexuel dans cette même société : Peut-on imaginer que des individus au nom de valeurs « révolutionnaires » lui reprochent cet enfermement dans un monde de privilégiés ? Cela ne s’est pas produit. En aurait-il été de même s’il avait vécu en URSS ?
L’écrivain(e) est par nature déviant, parfois fou,(fou d’antisémitisme comme Céline), souvent excessif et c’est ce qui fait son génie.
Se sentir bien au chaud dans une communauté est aussi une forme de négation du combat individuel, des choix courageux que l’on doit faire parfois, contre cette communauté, seul, quoiqu’il en coûte.
L’une des conséquences potentiellement dramatique de cette pensée non contradictoire, unilatérale, binaire, s’appelle le fascisme.