De la colère au ressentiment puis à l’indifférence ( Inspiré par « Ci-gît l’amer » de Cynthia Fleury

Merci à Cynthia Fleury de m’avoir aidé à identifier ce mal qui me ronge : Le ressentiment contre l’humanité entière.
Née Juive en 1940, j’ai cru pendant longtemps au « Plus jamais ça ! » malgré le pessimisme de mon père qui répétait à l’envi qu’il y aurait une troisième guerre mondiale, parce que l’économie l’exigeait et parce que les êtres humains aimaient la guerre.
J’ai milité toute ma vie pour que le monde change.
Dans les années 90, je me suis sentie peu à peu envahie par une forme d’envie ridicule : vis à vis des riches, vis à vis des belles femmes, vis à vis des gens qui parlent bien…
Mais un autre sentiment commençait à s’insinuer en moi. Déprime, tristesse …
Puis j’ai appris à le nommer : Colère. Colère contre les « amis » qui ne parlent que d’eux , contre la connerie, contre le fanatisme, contre la démagogie, contre les râleurs professionnels…
C’est fatigant et inutile d’être tout le temps en colère.
Alors, il y a environ dix ans, j’ai entrevu au fond de moi l’indifférence : « Le sujet ressentimiste » va projeter sur le monde un voile d’indifférenciation et de dénigrement qui ne lui permet plus de se nourrir de ce monde. » dit Cynthia Fleury (interview dans ELLE de novembre 2020 à propos de son livre : « Ci-git l’amer-Guérir du ressentiment, Gallimard)
Il n’y a peut-être rien de pire que l’indifférence.
Le monde comme il va, me conduit à une forme de colère calme, résiliente, à forte dose d’indifférence.
Je ne pense pas que les êtres humains puissent changer. De nouvelles catastrophes se produisent partout autour de nous. Le racisme, le sexisme, l’antisémitisme perdurent.
Du côté de la « révolte » les nouvelles féministes intersectionnelles, les nouveaux anti-racistes, les mélenchonistes et autres Hamonistes me donnent envie de pleurer quand il faudrait en rire.
Telle Sisyphe, je pousse mon petit rocher qui retombe.
Pourquoi se battre contre des moulins à vent ?
Vos recettes, chère Cynthia, ne sont pas adaptées à mes 80 ans : être un artisan, jardiner, faire de la méditation, aimer et procréer, s’engager politiquement… A part l’artisanat, j’ai tout fait . pour moi la vie a été belle malgré tout. mais comment se contenter de sa petite vie ?
Peut être finalement l’indifférence est-elle MA solution. Mais elle est désespérément triste.