Alain Mabanckou est un monsieur tout à fait respectable, coauteur d’un remarquable documentaire sur le thème :Être noir en France, entre autres.
Mais en ces temps de dénonciation permanente entre intellos racisés, décoloniaux et intersectionnels et intellos « universalistes », son article dans le Nouvel Obs du 13/01/2022 pose problème : Il y parle du génocide au Rwanda, des génocidaires habillés en rose employés au nettoyage de Kigali (en 2008). Et il a cette phrase : « Les passants ont le visage de ceux à qui ils ont retiré la vie pour des mobiles qui remontaient à la colonisation du pays. » » « Nous autres Africains nous sommes laissé berner par ces théories nées de la pensée occidentale dont le dessein subreptice était de semer la division afin de mieux asseoir les colonies. »
Il y a du vrai dans cette remarque mais il y a aussi un simplisme navrant.
Ainsi si l’on en croit cette analyse, les Africains ne sont pas racistes, les vietnamiens non plus, les Indiens encore moins…. C’est le méchant colonisateur blanc qui les a contraint à s’entretuer.
Il y aurait eu une sorte de pureté naturelle, d’amour universel avant la colonisation.
Et c’est justement parce que je ne crois pas en la bonté naturelle des êtres humains, hommes ou femmes, que je me revendique de l’Universalisme. Pour moi, il s’agit de tendre, par un effort sur nos préjugés, vers (non pas l’amour) mais l’acceptation de l’Autre.
Avant de désigner des bouc-émissaires (dont je reconnais bien sûr la responsabilité), il faudrait peut-être tenter d’agir sur nous mêmes, nos refus, notre bêtise, notre ignorance. Et ceci ne concerne pas que le mâle blanc dominant.