Un gilet jaune qui fait partie de la manif pro Le Pen qui va suivre la manif anti Le Pen, crie « Macron assassin » parmi le petit groupe vieillissant qui défile sous les drapeaux du PS.
Les militants fatigués ne réagissent pas. Je me plante devant lui et lui dit de rejoindre les siens. Une jeune fille courageuse prend ma relève.
Les pancartes du NPA, de Solidaires, de Sud, de la CGT, du PC avec des dizaines de militants, dont certains crient : « Ni Macron, ni Le Pen. »
Un groupe de LGBTQ… hurle : Le Pen c’est dégueulasse, Pécresse, c’est dégueulasse, Schiappa, c’est dégueulasse, Macron, c’est dégueulasse… » Peut-être y-avait-il une fin mais je ne la connaitrai jamais.
Une jeune femme crie à une gendarme : « Non mais je le crois pas ??? Une femme avec un casque, un fusil, un bouclier!!! » et quand je lui rétorque « Egalité », elle regarde avec mépris cette vieille dame qui ne mérite aucune attention.
Et puis, il y a l »autre manif derrière, des gilets jaunes qui revendiquent le vote Le Pen. Un homme à qui je demande pourquoi ce vote répond : « elle est la seule que l’on n’ a pas essayé… et puis moi je suis tombé malade à cause de Macron, à cause de son vaccin. » Je renonce, je m’éloigne et il me crie : « C’est ça que vous appelez discuter ! »
Bref, une sorte de concentré de la bêtise humaine à quelques exceptions (nombreuses) bien sûr.
Les seuls que j’ai envie de rejoindre sont les travailleurs sans papiers , soutenus par Sud/Solidaires. Ils distribuent un tract bien argumenté. Ils y dénoncent : »le développement d’une armée de réserve de travailleurs sans droits, pour contourner toutes les lois sociales et organiser un dumping social sans fin et aussi la façon dont l’Etat désorganise et liquide les services d’accueil en préfecture pour les demandeurs de papiers, maltraite ces personnes dans des procédures informatiques sans fin, le plus souvent infructueuses. »
Ce n’est pas nouveau, pour des gens de ma génération, cette impossibilité de trouver sa place dans un paysage politique qui part en quenouille.
C’est juste désespérant, comme la guerre en Ukraine, comme le racisme du discours d’extrême droite, comme l’Histoire qui se répète, comme le capitalisme qui prospère et que l’on ne sait pas comment combattre parce que l’on a assisté à l’installation de régimes qui disaient s’appeler communistes et qui n’étaient qu’autoritaires et répressifs et qui ont disparu en nous laissant Poutine, Orban et quelques autres.
Il nous reste à renier- comme tant de nos contemporains l’ont fait- nos idéaux de sociétés plus justes et à cultiver notre jardin virtuel.