On élève ses enfants, le mieux qu’on peut. On guide avec quel bonheur, leurs premiers pas hésitants. On leur apprend tant bien que mal, la vie, la société, autant qu’on en sait soi-même, ce qui se révèle, en définitive, bien peu : la société change si vite.
Puis, c’est la maturité, ils volent de leurs propres ailes, ils expérimentent, ils essaient, ils se trompent, ils apprennent, on ne peut plus grand-chose pour eux. Leur génération s’estime en avance sur la nôtre, nous sommes mises à l’écart, des potiches que la morale leur demande de respecter, sinon d’aimer (l’amour se commande mal).
Et puis, les voila frappés à leur tour par l’aile de la vieillesse. Désarçonnés soudain dans leurs désirs, freinés dans leur élans, comme nous l’avons nous-mêmes été, il y a quelques temps, ils prennent conscience du temps qui coule, et avec conscience des générations, de l’avant, de l’après, de la mort, de l’oubli.
Et les voilà qui nous reviennent un peu, puisque ce drame inévitable qui leur tombe dessus, nous l’avons déjà connu et pouvons peut-être, à nouveau, les guider. Nos cheveux blancs retrouvent la fonction de maternité.