J’ai retrouvé ce texte dans l’ouvrage collectif (cf photo) publié par des juristes travaillistes en 1979.
Il y a un passage sur le droit des étrangers qui est totalement d’actualité.
» La condition des étrangers fait l’objet d’un « infra-droit ». Ils sont, comme nous tous, hautement juridicisés, saisis par un réseau complexe de lois, règlements, conventions internationales, circulaires…Mais l’expression « d’infra-droit » a le mérite de de souligner qu’en ce domaine, les normes sont instables, changeantes, qu’elles confèrent le plus souvent un pouvoir discrétionnaire et que les recours juridictionnels ouverts en principe contre les décisions administratives sont aléatoires au plus haut point. Le droit des étrangers est traditionnellement un droit de police. La floraison des circulaires l’a insensiblement transformé en ce que l’on pourrait oser nommer un « droit de l’arbitraire ». …Tout porte à croire que les nouvelles dispositions législatives conforteront un système qui par l’imprécision des critères proposés à l’administration pour arrêter ses décisions, la difficulté ou la vanité des recours, laissera les travailleurs immigrés à la merci d’un guichetier de préfecture, d’un policier de base ou des changements conjoncturels de la politique de l’immigration. Avec le régime des travailleurs immigrés, on tient l’exemple type d’un droit ou l’effectivité des règles ne garantit en rien celle de la protection. »
Pour tenter de comprendre ce que signifie « être juif » sans être religieux
Deux histoires juives racontées par le (la) Rabbin(e) Pauline Bebe :
« Trois juifs se rencontrent :
-« Comment sont-ils vos rabbins ? Le mien est très intelligent »
-« Le mien est un homme de coeur, proche de la communauté »
– « Le notre, il est comme Dieu, jamais là ! »
« Dans un village d’Europe centrale, des villageois juifs se rencontrent . Ils décident de voter pour savoir si Dieu existe
A une voix près, c’est le non qui l’emporte
« Bon, dit l’un d’eux, maintenant c’est l’heure d’aller à la synagogue. »
Comment savoir ce qui est possible et souhaitable dans le futur ?
« La vie est ailleurs », « L’économie est blessée, qu’elle crève. », « Soyez raisonnables, demandez l’impossible. »... hurlions nous en Mai 68. Nous étions plus de vingt ans avant la chute de l’URSS et de la quasi totalité des régimes communistes. Même si nous étions déjà critiques vis à vis de ce communisme, négateur des libertés élémentaires, nous espérions qu’un autre monde était possible.
L’économie pouvait crever, nous avions du boulot et nous vivions bien, même avec de petits salaires.
Qui peut dire aujourd’hui, à part de doux rêveurs (dangereux), ce que l’on peut construire de nouveau, de juste, de souriant à la place de ce capitalisme brutal mondialisé, où la Chine « communiste » joue un rôle primordial ?
La perspective que l’argent des riches ruisselle sur les pauvres, peut-elle provoquer l’enthousiasme ou une forme d’humiliation ?
Que devient la valeur travail, dans cette politique de croissance, qui en plus ne marche pas ?
Peut-on participer politiquement à une société quand on doute et que chacune de nos idées peut-être contredite à juste titre ?
Oui, la vie est ailleurs mais il faut bien manger, avoir un toit, voir d’autres paysages, se faire soigner…
La révolte des gilets jaunes est par bien des aspects indispensable mais elle nous entraîne dans un monde dépourvu de rêves,un petit monde de compromis ennuyeux et dangereux.
A suivre…
A celle qui prétendait m’aimer…
Je faisais partie de sa famille de coeur, sa famille choisie… depuis plus de vingt ans…
Qui ne souhaite pas être aimée ?
Nous avons cahin-caha , de diners en déjeuners, poursuivi cette drôle de relation.
Il y a quelques semaines, dans une grande brasserie parisienne, après l’avoir écouté pendant près de deux heures raconter ses interminables histoires sur l’Université, ses institutions, sa noble contribution à cette entreprise, à la fois constructive et critique… ses actions pour la prise en compte du gender, des LGBTQ…, de la PMA …quelque chose a cédé en moi.
Ce qu’elle me racontait m’ennuyait profondément et j’étais là coincée dans cette brasserie à faire semblant d’écouter pour que cette femme plus jeune que moi de vingt ans continue de m’accorder son amitié!!!
J’en ai connu tant, de ces gens à qui vous servez de faire-valoir, mais pour qui ce que vous pensez, ce que vous êtes, ce que vous aimez et ce que vous haissez, ce que vous avez écrit….n’existent tout simplement pas!
Dans un sursaut de fierté, j’ai décidé que j’en avais assez, qu’il fallait que je m’habitue à la non existence des universitaires retraités pour les « jeunes » louves qui y font carrière, plus généralement à la transparence des vieilles dames, même pour les féministes.
Ouf, cette fausse amitié est finie et je suis heureuse de ne plus avoir à faire semblant.
Je pense maintenant à elle comme à une pierre, de celles que je ramasse depuis des années sur les plages.
« Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s’ils n’étaient les dupes les uns des autres » nous dit La Rochefoucauld.
Je crois que je suis arrivée à une étape de ma vieillesse où je refuse d’être dupe quitte à être un peu plus seule.
Mais tout cela n’est pas triste, au contraire : cela veut dire qu’à 78 ans je commence à penser que ce que j’ai à dire peut être intéressant. Youpi
Quelqu’un m’a dit que tu avais 90 ans, c’est vrai ?
C’est sympa non ?
S’agit-il de grossièreté ? de jalousie ? ‘(eh oui, ou va-t-elle se cacher?), d’une forme de racisme ?
En tous les cas, ça fait un choc .
Vive les vieux, mais c’est trop dur de nous voir en vous…restez chez vous
Alors je crois qu’il s’agit d’une bêtise profonde et haineuse.
« Il parait que l’on va tuer les vieux et les charcutiers.
Pourquoi les charcutiers ? »
De la dangerosité des groupes et de la camaraderie…
J’ai toujours été mal à l’aise dans les groupes, au dessus de trois personnes.
A vingt ans j’avais déclaré : »Le groupe c’est la mort »
Certes, j’ai toujours eu envie d’appartenir à ces bandes que je voyais rire ensemble sur les plages de mon enfance
A force de les envier, en suis-je venue à les condamner ?
Il y a sans doute de cela dans mon refus mais il y a aussi quelques bonnes raisons. Le groupe risque d’annuler la réflexion et la responsabilité individuelles. Il faut faire comme tout le monde, ne pas se singulariser et s’aligner parfois sur le plus violent ou le plus stupide des membres du groupe.
Sebastien Haffner est l’auteur d’un livre admirable , « Histoire d’un Allemand »: Souvenirs (1914-1918)
Il y raconte sa vie de juriste de bonne famille, dans l’Allemagne d’après la grande guerre. On l’y voit s’épanouir dans un pays qui sombre peu à peu dans le fascisme, alors que la majorité de la population reste indifférente au drame qui se prépare. Lui fuira vers l’Angleterre en 1938, où il écrira ce récit qui ne sera redécouvert qu’à la fin du siècle dernier.
Apprenti juge dans les années 30, il est assigné à un camp où il fait du sport, apprend à se battre, se plait dans cette joyeuse camaraderie.
Je cite ici quelques extraits de ce chapitre final sur ce thème : » Pendant la journée, on n’avait jamais le temps de penser, jamais l’occasion d’être un « moi ». Pendant la journée, la camaraderie était un bonheur…..Et c’est précisément ce bonheur, cette camaraderie qui peut devenir l’un des plus terribles instruments de la déshumanisation- et qu’ils le sont devenus entre les mains des nazis…La camaraderie annihile le sentiment de la responsabilité personnelle…Le camarade fait ce que tous font. Il n’a pas le choix, pas le temps de réfléchir…La camaraderie ne souffre pas de discussion: c’est une solution chimique dans laquelle la discussion vire aussitôt à la chicane et au conflit… C’est un terrain fatal à la pensée, favorable aux seuls schémas collectifs de l’espèce la plus triviale et auxquels nul ne peut échapper, car vouloir s’y soustraire reviendrait à se mettre au ban de la camaraderie. »
Penser par soi même n’empêche malheureusement pas d’être raciste, violent, etc. Mais ne pas penser par soi même et se soumettre au groupe peut annoncer de graves manquements à la « civilité », au sens large du terme.
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J’ai écrit ce petit livre sur mon père
-parce que je voulais laisser une trace de la vie « ordinaire » de David Cohen qui eut 20 ans en 1914 et 45 ans en 1939
– parce qu’il avait laissé des cartes postales de la grande guerre et des lettres des années 40. (Pourquoi l’aurait-il fait s’il ne souhaitait pas transmettre ?)
– parce que je n’ai jamais trouvé le temps ni le moyen de lui dire que je l’aimais, malgrè ses « Allons Bon » et ses accès de mauvaise humeur
– parce que je voulais tenter d’expliquer comment un nom peut modifier le cours d’une vie, dans le mauvais (ou parfois le bon) sens.
Ce fut le cas de mon père, Ce fut en plus petit mon cas et malheureusement c’est encore le cas pour des Lévy, Coulibaly, Belkacem etc…
A partir de la trajectoire de vie de mon père, qui a fini par changer son nom juif en 1958, ( tout en restant croyant) je souhaitais aussi convaincre certaines personnes de tous bords politiques que l’on peut se sentir juif sans être religieux. Les processus d’exclusion, de discrimination séculaire, finissent par forger un autre rapport au monde, une forme de désespoir optimiste (ou le contraire), une colère retenue qui n’ont souvent rien à voir avec la religion ou un quelconque communautarisme.
(Vous pouvez le commander sur : commande@harmattan.fr)
Quand l’absence de Chef(s) fait peur
Je n’aime pas les gens qui veulent être chefs. Ils se reconnaissent très vite : ils parlent beaucoup pour ne rien dire, ils savent, Ils s’introduisent, expliquent que « c’est dans les statuts » et qu’il nous faut être représentés dans le Conseil truc-muche de l’association machin etc …
Et comme un chef n’est rien tout seul, il faut un vice-chef, un sous-chef…etc
En cela, le Mouvement des Gilets jaunes est intéressant. Ils ne s’estiment pas représentables. On prend le tout ou rien.
C’est plutôt sympathique.
Mais c’est là que la « démocrate » que je suis ne peut aller jusqu’au bout de son refus des chefs.
Peut-on imaginer une démocratie sans représentation, fondée sur des référendums d’initiative citoyenne, une absence de leaders et même des positions contradictoires ou changeantes ?
Ce serait l’idéal dans une société formée d’êtres généreux, intelligents, qui auraient conscience de ne pas détenir la vérité…
Ce serait suicidaire de penser qu’une telle société est possible dans un monde injuste, où les plus stupides des citoyens trouveront le moyen de dévoyer le système, de trouver des bouc-émissaires à leurs frustrations (par ailleurs justifiées)… Bref cessons de rêver.
Une telle société est impossible.
Reste le « despotisme représentatif » qui a le mérite d’établir une forme de paix…. jusqu’à la prochaine explosion qui celle-ci aura peut être un Chef auto -désigné peut-être démocrate, peut-être fasciste.
Quand deux arrogances se rencontrent… ça pète et ça ne sert qu’aux extrêmes
Inutile de revenir sur l’arrogance de Mr le Président Macron et de ses ministres. Ils semblent parfois vivre dans un autre monde.
En face, il y a des supposés « braves gens » qui galèrent mois après mois pour survivre.
Les salaires trop faibles, les CDD, les interim …ne leur permettent aucun extra.
Cette colère contre des conditions de vie difficiles ne pouvait susciter au début de leur mouvement que de la sympathie
Mais cette sympathie a ses limites : ce n’est pas juste le chaos dans les beaux quartiers de Paris (dont je veux croire qu’il n’est pas de leur fait), qui me fait douter, c’est leur… arrogance quand ils disent : nous manifesterons où nous voulons, nous ne voulons plus de taxes, nous ne voulons pas désigner de représentants, c’est le peuple qui s’exprime, Macron démission etc…
« En même temps » ils ont dénoncé des migrants cachés dans un camion citerne, ils sont majoritairement blancs, ils se croient au dessus des lois en refusant un parcours de manifestation qui permette la coexistence avec les parisiens qui ne sont pas d’accord avec eux, avec les touristes qui ne leur ont rien fait, ils refusent de désigner des représentants prêts au dialogue, ils vont tmême semble-t-il jusqu’à menacer ceux qui oseraient dialoguer.
La démocratie est le pire des régimes… à l’exception de tous les autres et en particulier le gouvernement du peuple par le peuple n’a jamais marché. Le peuple est pluriel et le pouvoir forcément obligé de tenir compte des contradictions au sein du peuple.
L’arrogance du pouvoir libéral qui favorise les riches contre l’arrogance de ceux qui se sentent exclus des bienfaits du capitalisme ne peuvent que provoquer des haines, des jalousies, des racismes et des frustrations, et faire le lit du populisme voire du fascisme.
C’est aux arrogants qui ont le pouvoir de faire le pas qui permettra le début d’un dialogue. En sont-ils capables ? Je l’espère
Mais il faut être deux prêts à s’écouter et à savoir qu’ils ont peut-être tort sur tel ou tel point, pour dialoguer.
L’avenir le dira
De la la perfection (Guy Dhoquois)
Poême de Guy Dhoquois publié sur son blog (localhost/auteurs2/guy-dhoquois) : La perfection
La perfection n’a qu’un défaut la perfection
La perfection n’a qu’un défaut elle même
Seule l’imperfection rend possible le mouvement
J’ai beaucoup de questions et peu de réponses
J’ai donc beaucoup de questions sans réponse
En fait de moins en moins
Je me pose de moins en moins de questions
Le vieillissement invite à la régularité
Et à la modestie
Je tente de nettoyer chez moi
Le bête et le méchant
C’est un peu tard
Je me compare parfois à un poussin poussah
L’oeil entend
Le génie est seul
Même le petit génie