Migrants : quelques cas… de conscience

Il est arrivé en France il y a plus de 35 ans, en provenance de l’Afrique sub-saharienne.
Une fois en France, il a acheté sa carte de séjour à un ressortissant du même pays.
Il a travaillé pendant trente ans avec ces faux papiers
Agé maintenant de 68 ans, il a fait valoir ses droits à la retraite
Il a touché sa retraite…Jusqu’à ce que la Caisse de retraite procède à sa radiation et lui demande de rembourser 16000 euros …parce qu’une personne du même nom avait demandé la liquidation de sa retraite.
L’usurpation d’identité est un délit.
Comment résoudre le cas de ce monsieur ? L’application du droit existant ne joue pas en sa faveur.
La bienveillance serait de mise mais elle ne fait guère bon ménage avec le droit et l’application actuelle du droit des étrangers.

Les autres cas les plus fréquents et les plus choquants concernent les femmes victimes de violences, soit dans leur pays, comme le Maroc où le divorce est le plus souvent impossible sans consentement du mari, soit en France après le mariage.
Dans le cas qui m’a été soumis, le mari veut bien divorcer…contre une somme rondelette. Précisons que cet homme se livre à des violences quotidiennes.
Aucun droit d’asile n’est prévu dans ce cas.
Si cette femme rentre dans son pays elle ne risque ni la prison ni la mort pour raisons politiques. Elle risque l’exclusion sociale ou une autre forme de prison à vie…
Ou s’arrête le politique ?

« Qu’ai-je de commun avec les juifs ? C’est à peine si j’ai quelque chose de commun avec moi-même. » Kafka


Je suis tout à fait d’accord avec cette citation de Kafka… Et pourtant, je me sens juive.
Ni religieuse, ni israélienne, ni vraiment intéressée, les imbéciles qui continuent à assimiler Juifs et occupation de la Palestine renforcent en moi un sentiment d’appartenance, qui me révulse par ailleurs…
L’antisémitisme crée le juif mais les catégorisations (Juif= pro-israélien) stupides, aussi.
Alors….on danse!!!!

Militantisme et bureaucratie

1- Du militantisme : Première contradiction : Dans un article d’Alternatives-Economiques de 2015, il est reproché aux Associations qui s’occupent des sans-papiers d’être des sous-traitants des préfectures qui préparent bénévolement les dossiers des migrants dans le respect de la loi même la plus répressive.
Et en effet c’est ce que nous faisons -si on estime que tout le travail militant en amont (rencontres avec les préfectures, sensibilisation, manifs etc)- n’est pas visible-
Ce type d’analyse est typique d’un raisonnement ancien qui opposait les marxisants aux libéraux : Pour les marxisants, le capitalisme étant à la racine des injustices sociales, il n’y avait qu’une seule solution, la révolution et la suppression du capitalisme.
Les révolutions de type soviétique ont piètrement échoué pour diverses raisons. Entre autres en croyant supprimer le despotisme du mode de production (asiatique) ancien, ils n’ont fait que le remplacer par un autre despotisme.
Le travail des bénévoles d’associations d’aide aux plus démunis se trouve pris dans une contradiction : s’ils envoient les personnes dans les administrations avec des dossiers qui ne correspondent pas aux lois en vigueur, elles se retrouveront inévitablement renvoyées.
Est-ce le but poursuivi ? Faut-il renoncer à en sauver certains au prétexte que l’on ne sauve pas tout le monde ?
Notre mission est d’utiliser les quelques ouvertures que nous offrent les textes de loi pour tenter de contourner un peu le droit, et au minimum d’aider les gens à utiliser le droit existant le mieux possible.
Imaginer une société démocratique sans Droit, donc sans limitations aux droits, relève d’une utopie potentiellement meurtrière.
Il y a des situations historiques où il faut désobéir aux ordres et aux lois iniques : ce moment est-il arrivé ?

2 – De la bureaucratie: Deuxième contradiction :
Les associations en question devraient par contre être des modèles de démocratie. Force est de constater que la quête du pouvoir (aussi merdique soit-il) est toujours présente dans ces structures, même au niveau le plus bas. Une permanence qui fonctionnait très bien sans bureaucratie se voit peu à peu coiffée d’un bureau, seul décisionnaire, le plus souvent composé de…bureaucrates nés.

Conclusion : On peut tenir des discours gauchistes tout en aimant la bureaucratie !!! Ce n’est pas la moindre des contradictions !

4- La gauche identitaire

J’ai déjà parlé dans ce blog de cette tendance du féminisme à l’intersectionnalité, à l’insistance sur les différences plutôt que sur l’universalisme et sur ce qui nous rapproche.
Marc Lilla, vient de publier aux Etats-Unis traduit en France : La gauche identitaire.
Dans un dialogue avec le sociologue Eric Fassin,(Le Monde du 2 Octobre 2018), Marc Lilla déclare : »La critique fondamentale que j’adresse à la gauche identitaire porte sur le repli sur soi qu’elle promeut. A force d’inciter chacun à s’interroger sur les différentes identités qui le traversent, de race, d’orientation sexuelle, etc, cette gauche est moins en mesure de remporter des élections là où il le faudrait, pour ensuite défendre les droits des minorités, ou atteindre tout autre objectif…Pour que les choses changent, il faut gagner les élections et développer une vision du bien commun…La seule façon de protéger les exclus est d’insister sur le fait qu’ils font déja partie de « NOUS », et par consaquent que leur exclusion est injuste. S’il n’y a pas de NOUS, comment motiver les uns d’être solidaires avec les autres ? Plus nos sociétés deviennent individualistes et diverses, plus nous avons besoin d’établir des liens de sympathie et de devoir politique parmi nous…Une citoyenneté ouverte, accueillante, combative- c’est cela dont nos démocraties ont besoin et que je tiens à promouvoir. »
Merci Marc Lilla.

3 – Le couple libre : enfin ça bouge !

Pendant longtemps, notre couple libre a été regardé avec une forme de suspicion.
Nous sentions dans les réactions à notre récit de vie fondée sur la liberté sans mensonge, quelque chose comme : » c’est parce qu’ils ne s’aimaient pas vraiment… »
Depuis quelques mois, les langues se libèrent.
Deux exemples : Esther Perel, sexologue américaine est La femme du dimanche dans le JDD du 9 septembre 2018.
Elle a publié un best seller : « Je t’aime, je te trompe », un éloge de l’infidélité. « Elle cherche à faire durer les couples par delà les entorses au contrat. » « Elle secoue les fondements du puritanisme anglo-saxon qui dramatise la tromperie, diabolise le mensonge… » nous dit Bruna Basina, la journaliste du JDD.
– Dans Le Monde du 13 Aout 2018, on trouve le témoignage de Salomé, 32 ans : » Nous sommes en union libre, nous n’appartenons pas l’un à l’autre. Et c’est mieux pour notre épanouissement personnel. Les relations enrichissent notre couple…Le trouple nous a permis de créer une autre réalité. La troisième personne apporte un autre regard et te donne du recul. Il n’y a plus les rapports de force qui peuvent exister dans un couple traditionnel… »
Certes Esther Perel parle de tromperie et de mensonge. C’est le contraire de notre approche. Mais c’est un tabou qui est secoué.
– Dans le journal ELLE du 26 janvier 2018, Marceline Loridan-Ivens et Leila Slimani dialoguent :
LS : En ce moment , tout le monde parle du polyamour. Dans un best-seller récemment paru en Allemagne, un chercheur explique que c’est l’avenir de l’amour. Selon lui, la monogamie, le couple , la fidélité…tout cela va disparaître et les gens vont s’aimer à plusieurs à des niveaux différents…. Je pense que la remise en cause du modèle patriarcal, amènera forcément à réfléchir à la notion de couple telle qu’on l’entend. Car, tout ce qui existe, ce sont les hommes qui l’ont inventé. Les femmes sont bien plus libres qu’on ne le pense… »
Alors que Guy et moi entrons dans la vieillesse, ces petites secousses sociales, près de 60 ans après notre contrat de liberté, sont rassurantes.

H.D. Thoreau :2- Critique de la hâte de réussir

« Pourquoi se hâter à tout prix de réussir, et dans des entreprises si désespérées ? Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c’est peut-être parce qu’il entend battre un autre tambour. Qu’il accorde donc ses pas à la musique qu’il entend, quelle qu’en soit la mesure ou l’éloignement. Et peu importe qu’il mûrisse aussi vite qu’un pommier ou un chêne. Changera-t-il son printemps en été ? Si l’état de choses pour lequel nous avons été créés n’est pas encore là, quelle serait la réalité à lui substituer ? Nous refusons de faire naufrage sur une réalité vaine. Erigerons nous à grand-peine un ciel de verre bleu au-dessus de nous, en sachant avec certitude que, lorsqu’il sera achevé, nous contemplerons encore le vrai ciel éthéré loin au-dessus, comme si le premier n’existait pas. » (Walden)

Ce que j’ai envie de transmettre de mes lectures estivales : 1- Eloge des la solitude par Thoreau

 » Je trouve salutaire d’être seul la plupart du temps. La compagnie, même la meilleure, est bientôt fatigante et nocive. J’aime être seul. Je n’ai jamais trouvé compagnon d’aussi bonne compagnie que la solitude. Nous nous sentons en général plus seuls en nous mêlant aux autres que lorsque nous restons chez nous. Où qu’il soit l’homme qui pense ou qui travaille est toujours seul. » ( Henri David Thoreau in Walden)

Mort dans la dignité = Plan banlieues = Macron s’en fout


Tout est dans le titre.
Mépris affiché pour le Plan Borloo pourtant préparé et pensé avec sérieux et passion par les maires, les associations … des banlieues populaires. Il y a urgence. Mais on a assisté à l’envoi aux poubelles de l’histoire de ce rapport.
Même chose pour cette demande réitérée par 80% de Français de pouvoir choisir sa mort: EHPAD déprimants, puis dépendance accrue plus pression sur les enfants. Tout cela va continuer au nom du serment d’Hippocra(i)te et des grenouilles de bénitiers…

Les habitants des banlieues abandonnées trouveront leurs moyens de lutter. En attendant que de gâchis !
Pour les malades incurables et les vieux qui refusent la dépendance et n’ont pas les moyens d’avoir une gouvernante , il reste des solutions individuelles qui nécessitent des relations !
Mais peut-être avant de ne plus pouvoir bouger, pourrions nous envisager des actions marrantes, type Act up ou MLF ?

Un nouveau concept à la mode : l’appropriation culturelle


Bel exemple d’appropriation culturelle !

Ariane Mnouchkine en collaboration avec le metteur en scène quebecois Robert Lepage devait présenter à la Cartoucherie une nouvelle lecture de l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre blancs et autochtones. Mais les signataires d’une tribune dans le journal quebecois Le Devoir parue en juillet dernier se sont élevés contre l’absence d’autochtones dans la pièce. On y lit notamment : « Mme Mnouchkine a exploré nos territoires, elle n’a plus besoin de nos services. Exit! Elle aime nos histoires mais pas nos voix. »
A la suite de cette tribune, le Conseil des arts du Canada a décidé de ne pas financer la production, ce qui a empêché le Théatre du Soleil de monter la pièce. Censure ou action politique justifiée ?
A cette occasion le concept d’appropriation culturelle a repris vie. Il peut se définir ainsi : »L’appropriation culturelle, c’est lorsqu’un emprunt entre les cultures s’inscrit dans un contexte de domination. » (Le Monde du 24/08/2018)
Le concept est intéressant mais pose le problème fondamental de ses limites. Est-ce que la jeune chanteuse Jaine est « coupable » d’introduire dans ses chansons de la musique africaine, sachant qu’elle a passé plusieurs années au Congo dans son enfance ? Ma réponse est évidemment négative? (même si elle n’avait pas vécu en Afrique d’ailleurs)
Et pourtant elle se fait insulter sur les réseaux sociaux pour appropriation culturelle !
Dans ce cas, on pourrait parler de connerie grave mais les intellectuels INTERSECTIONNELS s’en mêlent et cela donne une interview de l’incontournable Eric Fassin dans Le Monde dont j’extrais cette citation : »En France, on dénonce volontiers le communautarisme…des autres : le terme est curieusement réservé aux minorités!…C’est nier l’importance des rapports de domination qui sont à l’origine de ce clivage: on parle de culture, en oubliant qu’il s’agit aussi de pouvoir. »… » L’esthétique n’est pas extérieure à la politique. La création artistique doit revendiquer sa liberté; mais elle ne saurait s’autoriser d’une exception culturelle transcendant les rapports de pouvoir pour s’aveugler à la sous-représentation des femmes et des minorités raciales… »
On a là toute l’ambiguité de ce courant de pensée : ajouter à des évidences( la domination…) une condamnation de la mixité culturelle et de l’Occident !
Sur le même thème, que dire des Africaines qui se défrisent les cheveux ? des Chinois et Japonais qui se sont réappropriés avec génie la musique classique, des migrants qui viennent aussi chercher en Occident une autre culture ? etc etc..
C’est l’universalisme qui permet de mélanger sans domination les peuples et les cultures.
Une fois de plus Caroline Fourest vise juste quand elle écrit dans Marianne (le 3 Mai 2018) : « Ces gardes-frontières de l’identité n’ont rien d’antiracistes. ce sont les jumeaux de Génération identitaire. Des nazillons ségrégationnistes. En qualifiant d’appropriation culturelle tout partage et tout mélange, pileux ou musical, ils ne font que cloisonner ou diviser. »

La « condamnation » sociale des femmes qui ne fondent pas une famille ? La réponse de jennifer Aniston

Si vous regardez de temps en temps les émissions de Jeux de Nagui sur France 2, vous avez peut-être remarqué son obsession du couple.
A la première jeune femme qui se présente, la question est presque incontournable : « Mariée ? En couple ? ».
Quand la réponse est négative, l’animateur (fort sympathique par ailleurs) réagit : « Comment est-ce possible, jolie comme vous êtes! »
Ca m’éneeeeeerve….
Merci mille fois à l’actrice américaine, Jennifer Aniston, héroïne de « Friends » et de bien d’autres films et séries, pour ses déclarations au magazine américain InStyle, reprises dans ELLE de cette semaine: « A Hollywood quand un couple se sépare, c’est la femme qui est traitée avec mépris, c’est elle qu’on imagine seule et malheureuse… »  » Pour les médias, je serais incapable de garder un homme »…. »Avez-vous déja vu écrit qu’un homme divorcé et sans enfants était une vieille fille ? »  » Il y a une pression faite aux femmes pour devenir mères et, si elles ne le sont pas, elles sont considérées comme des marchandises endommagées. Peut-être que mon destin sur cette planète, ce n’est pas de procréer. J’ai peut-être d’autres choses à accomplir. »